Entretenir l'amitié historique qui lie Alger et La Havane. Tel est l'objectif du voyage de Raul Castro en Algérie, à l'heure où l'île «rouge» négocie un virage inédit et redéfinit sa relation avec l'ogre «capitaliste». Une visite de trois jours – la deuxième après celle de 2009 – pour permettre aux deux pays de renforcer la coopération économique qui demeure en deçà des potentialités et surtout au regard des liens historiques. La délégation accompagnant le chef de l'Etat cubain «explorera avec ses homologues de notre pays les voies et moyens de consolider la coopération et les échanges entre l'Algérie et Cuba, en harmonie avec la qualité exemplaire des liens d'amitié et de solidarité qui unissent les peuples algérien et cubain depuis plus de cinq décennies». Couvrant seulement les domaines de la santé, la culture, la recherche scientifique et dans une moindre mesure le sport, l'Algérie et Cuba expriment le besoin «d'élargir le partenariat à d'autres secteurs». Le président cubain fait une proposition concrète à ses interlocuteurs algériens : «Nous allons travailler sur l'accord relatif à la fabrication de vaccins» en Algérie. Il est vrai que dans le domaine de la médecine, Cuba est l'un des pays les plus performants au monde. Malgré un blocus économique, commercial et financier désastreux infligé par les Etats-Unis depuis plus d'un demi-siècle, Cuba fait profiter à de nombreux pays du Sud son excellence en la matière. En Algérie, quatre hôpitaux (Djelfa, Béchar, El Oued et Ouargla) entièrement cubains opèrent déjà depuis quelques années. Une nouvelle mission médicale cubaine s'installera prochainement dans la wilaya de Souk Ahras. Des accords dans le domaine de la santé ont été signés, notamment en matière de prévention contre le cancer, lors de la visite du président Castro, comme l'a indiqué le ministre de la Santé, M. Boudiaf. Mais le domaine où la coopération entre Alger et La Havane reste solide et résiste au temps est bien celui des relations internationales. Deux acteurs importants du Mouvement des non-alignés durant les années soixante et soixante-dix, l'Algérie et Cuba, demeurent attachés à la ligne historique forgée à l'ombre de la guerre froide. En convergence de vues sur les questions de l'indépendance de la Palestine, du Sahara occidental et sur la coopération Sud-Sud, le deux pays se soutiennent mutuellement et entendent poursuivre la marche de ce mouvement, même s'il a perdu de son aura et de son influence. Raul Castro l'a rappelé lors de sa visite à Alger. «Cuba soutient sans réserve la politique de l'Algérie sur le plan international, particulièrement dans le règlement des crises malienne et libyenne», a assuré le successeur de Fidel Castro. Les délégations algérienne et cubaine ont tenu à le souligner dans leur communiqué conjoint : «Sur la question du Sahara occidental, dernière colonie en Afrique, les deux délégations ont réaffirmé leur soutien aux efforts du secrétaire général de l'ONU et de son envoyé personnel visant à parvenir à un règlement politique juste et durable, fondé sur l'exercice par le peuple du Sahara occidental de son droit inaliénable à l'autodétermination dans le cadre d'un référendum libre, honnête et impartial.» Les deux délégations ont exhorté le Conseil de sécurité «à prendre toutes les mesures nécessaires pour hâter la mise en œuvre du règlement de ce conflit, conformément à la légalité internationale» et ont également réaffirmé «leur ferme solidarité avec la République bolivarienne du Venezuela qui fait face à des tentatives de déstabilisation auxquelles il faut mettre un terme et à des sanctions unilatérales qui doivent être levées». Cependant, si publiquement, les dirigeants des deux pays évoquent rarement les insuffisances en matière de coopération au regard des atouts dont ils disposent, il n'en demeure pas moins que le volume des échanges ne suit pas celui des liens d'amitiés qui remontent au lendemain de l'indépendance de l'Algérie. Il est temps que les deux pays sortent des professions de foi pour construire une coopération réelle et multiforme.