Il était évident qu'après la restructuration opérée par le ministère de tutelle au niveau de plusieurs DLEP (Direction du logement et des équipements publics), devenue séparément Direction du logement (DL) et Direction de l'équipement (DE), des mutations devaient ponctuer la relance des deux secteurs avec des prérogatives et des objectifs différents. Le départ de Ouahiba Amirèche, directrice du logement pour un poste similaire dans la wilaya d'El Tarf, a été accompagné d'une série de comportements, on ne peut plus bizarres. Un groupe d'entrepreneurs des moins rentables y ont élu domicile en pleine période de préparation des passations de consignes, pour y exercer une pression sur le personnel. Un employé a apporté le témoignage suivant : «Depuis l'annonce du départ de notre directrice, trois entrepreneurs se sont installés de manière continue devant les bureaux en signe de provocation des cadres de la direction». Et un autre d'ajouter : «L'un d'eux n'a jamais cessé de répéter que des officiels (cités par les postes) sont de son côté et que ces derniers ont contribué au départ précoce de ladite directrice». Des menaces et des obscénités ont été proférées à leur encontre, selon leurs témoignages. Un entrepreneur arpentait les couloirs et donnait des consignes aux employés, a-t-on constaté de visu au niveau de ladite direction, et un autre veillait à l'installation du matériel bureautique. Un cadre administratif explique : «Depuis quatre années, l'étau s'est resserré sur les cartels du bâtiment grâce à une maîtrise totale du volet technique, traduite sur le terrain par une nette amélioration de la qualité du logement à Souk Ahras ; ceci n'a pas été du goût de ceux qui avaient pris le pli de miser sur la mauvaise qualité des bâtisses pour réaliser des surprofits au détriment du citoyen». Des réalisations fictives, des avenants aux montants surestimés, des opérations douteuses et autant d'affaires scabreuses étaient à l'origine d'un bras de fer DLEP-entrepreneurs et où l'on doute fort l'implication négative de certains commis de l'Etat, noyés par l'argent des marchés publics. Sanctionnés pour « délit de fidélité » Six agents, dont deux chauffeurs, témoins d'une tentative d'entrée nocturne à l'intérieur des bureaux de la direction du logement de la part d'un groupe d'entrepreneurs, repoussée par eux-mêmes pour son caractère illégal, viennent de faire l'objet de mutations dans d'autres services. C'est dire toute la force de nuisance du lobby et de ses ramifications. Dans une pétition adressée aux responsables (copie remise à El Watan), les travailleurs victimes de cette mesure, déclarent avoir défendu le siège d'une administration publique, sans plus. Aucune notification d'une quelconque faute professionnelle ne leur a été adressée pour justifier une telle mesure. «Nous avons défendu notre ex-directrice et nous continuerons de le faire parce que nous sommes conscients que l'enjeu était de taille : un groupe d'intérêt qui tentait de faire abdiquer tout le monde et une directrice qui bravait le mal», a déclaré l'un des signataires de la pétition à El Watan. Un nouveau directeur a été envoyé à Souk Ahras pour mettre fin à la situation de vacance.