La plupart des télévisions qui exercent sur le territoire national ne sont pas agréées. Les déclarations, prêches et discours haineux sont légion et ils continuent à être diffusés dans l'impunité la plus totale. Fatwas en tous genres, menaces de mort et apologie du terrorisme, les sorties de certains cheikhs cathodiques dépassent toutes les limites, poussant les autorités à réagir. Le ministère de la Communication semble vouloir prendre le taureau par les cornes en promettant de sévir contre les chaînes de télévision qui ne se conforment pas aux règles. Selon un haut responsable du ministère de la Communication, la dernière sortie médiatique du salafiste Hamadache sur les ondes de la radio Echorouk FM, était de trop. «Nous allons sévir», a-t-il dit. Le responsable ne précise pas de quelle nature seront les sanctions. Mais il semble qu'un courrier a déjà été adressé au premier responsable du groupe médiatique. De son côté, le président de l'Autorité de régulation de l'activité audiovisuelle a confirmé que son organisme a saisi, officiellement, le responsable d'Echorouk. Miloud Chorfi indique, avec un langage diplomatique, que «nous avons saisi les concernés» à propos «de récentes déclarations extrémistes et contraires à la loi faites par un individu». Le président du gendarme de l'audiovisuel rappelle tout de même que la radio qui a diffusé l'entretien n'est pas «agréée», au même titre que la majorité écrasante des télévisions qui exercent sur le territoire national. «Seules 5 chaînes de télévision ont une accréditation pour exercer dans le pays», rappelle l'ancien président du groupe parlementaire RND. «Nous saisissons, régulièrement, les responsables de ces chaînes lorsque nous constatons des dépassements», a-t-il dit. Mais l'homme préfère utiliser le terme «conseil fraternel» au lieu de rappel à l'ordre. Au sein de la chaîne incriminée, on nie l'existence d'une quelconque interdiction visant la diffusion d'un personnage public. «Au niveau de la rédaction, nous n'avons rien reçu», indique un responsable de la chaîne qui préfère garder l'anonymat. «Les seules instructions que nous recevons sont liées à l'équilibre des sources et au respect de toutes les opinions», ajoute notre source. En revanche, nos tentatives d'entrer en contact avec le directeur du groupe Echorouk, Ali Fodil, ont été vaines. La fin de la semaine dernière, le salafiste Abdelfettah Hamadache a plaidé pour l'ouverture d'une «ambassade» du groupe terroriste Daech en Algérie. «Si j'étais président de la République, j'autoriserais l'ouverture d'une ambassade», pour ce groupe dit Etat islamique. Des déclarations qui ont suscité l'indignation dans les milieux politiques et intellectuels. L'écrivain Amine Zaoui est allé jusqu'à appeler à la fermeture de ces chaînes de télévision, qui sèment la haine dans le pays en diffusant des discours extrémistes et haineux. Avant cette sortie, Hamadache s'était déjà distingué par un appel à la condamnation à mort contre l'écrivain Kamel Daoud. Les télévisions Echorouk et Ennahar lui ont ouvert leurs écrans sous le couvert de la liberté d'expression. Les services de Hamid Grine avaient pourtant annoncé une première interpellation en direction de ces chaînes. En vain. La diffusion des fatwas de celui qui veut le retour à «l'islam authentique» s'est poursuivie. Pis, des charlatans continuent de retransmettre leurs émissions dans l'impunité la plus totale.