Une importante file d'attente de camions de différents tonnages et tracteurs agricoles s'est formée, avant-hier, aux portes de la coopérative des céréales et des légumes secs (CCLS) de Belkheir, point de collecte des céréales. Une situation très mal vécue par les agriculteurs et les transporteurs publics de la région de Guelma, puisque beaucoup sont confrontés à l'obligation de faire la queue. Une attente qui dure depuis trois jours, pour certains. «C'est la troisième matinée et ma deuxième nuit que je passe à faire la queue, avec mon camion. C'est l'anarchie ici à la CCLS de Belkheir. Les responsables sont incapables de gérer la situation», nous déclare un agriculteur, excédé par la perte de temps et d'argent en ce mois de Ramadhan. En effet, ils étaient plus d'une centaine de camions stationnés sur l'accotement, avons-nous constaté sur place. «L'engrangement des céréales se fait par groupe de 20 camions de 7 h à 18 h. nous reprenons après la rupture du jeûne. Notre silo est ancien. Nous n'avons ni les moyens humains ni matériels pour parer à la situation», nous expliquent des manutentionnaires et agents de sécurité. Et d'ajouter: «nous sommes seuls à faire face à ce flux». En réalité, la situation qui prévaut à la CCLS de Belkheir atteint son paroxysme lorsqu'agriculteurset agents de sécurité en arrivent aux mains, comme c'est souvent le cas en cette période de collecte et d'engrangement. Mais qu'en est-il au juste ? Pourquoi la CCLS a des difficultés à gérer cette situation en ce début de campagne ? «La capacité de stockage du silo de Belkheir est dépassée depuis bien longtemps pour la production céréalière de la région de Guelma, et les méthodes de travail y sont archaïques», avoue un cadre parmi les rares responsables que nous avons trouvé sur les lieux, et d'ajouter: «les autorités locales s'inquiètent de la collecte, mais visiblement notre projet d'un nouveau silo traîne et nous subissons de plein fouet ce retard». Ce même sentiment est partagé par les employés de la CCLS, qui dénoncent en plus de leurs conditions de travail, la précarité de leur emploi, car ils sont soit saisonniers ou contractuels. En clair, pour améliorer les capacités de stockage de la région de Guelma, un projet d'étude et de réalisation «clés en mains» d'un silo métallique de 200.000 qx et ses annexes sur le site de Belkheir, n'a toujours pas vu le jour. Les travaux de ce projet n'ont finalement été lancés qu'en janvier 2014 pour un délai de réalisation de 24 mois.