Le docteur Amrani Khalil, président de la Société algérienne de médecine du sommeil (SAMS) effectue un travail admirable en matière de vulgarisation scientifique portant sur les mécanismes du sommeil et de ses troubles, et notamment durant le mois de Ramadhan. Le slogan de la Société algérienne de la médecine du sommeil (SAMS) est : «Bien dormir pour mieux vivre»... La réduction du temps de sommeil est un comportement répandu pour de nombreuses raisons dans nos sociétés. En moyenne, nous dormons 1 heure et demie de moins qu'il y a cinquante ans. Cette activité biologique qui occupe le tiers de notre temps est pourtant essentielle : nous y puisons notre énergie et elle nous permet d'avoir une bonne santé et une bonne vigilance. On sait maintenant que le manque répété de sommeil peut avoir des conséquences néfastes : prise de poids, diabète, maladies cardio-vasculaires, hypertension artérielle, troubles gastro-intestinaux, infections virales, dépression, mal de tête, baisse de motivation, difficultés d'apprentissage, décrochage scolaire, soucis professionnels, sans oublier la somnolence au volant, première cause d'accident sur autoroute. Le sommeil mérite la place qui lui revient et il est important de dormir bien et suffisamment pour faire face aux défis de chaque nouvelle journée... Durant le mois de Ramadhan, les gens veillent jusqu'à l'imsak. D'où l'inévitable manque de sommeil. Quelles sont les conséquences du trouble du sommeil ? Ce que risquent les couche-tard, c'est la fatigue, le manque de concentration, les problèmes digestifs…. Ce qui oblige le cœur à fournir un effort supplémentaire. Le Ramadhan, mois d'abstinence, de foi et de prière, mais aussi de mets délicieux et de parties de cartes… Il en résulte un sommeil de plus en plus retardé et perturbé. Le Ramadhan a deux composantes. Un : le jeûne qui provoque une baisse de sucre dans le corps. Et vu que le cerveau ne se nourrit que de sucre et d'oxygène, il se trouve privé d'une partie de son alimentation. Deux : le manque de sommeil. Ces deux éléments provoquent diverses manifestations tels le mal de tête, des vertiges légers, ou encore des problèmes digestifs. Le sommeil a la grande vertu d'être réparateur. Il repose toutes les parties du corps. Et ce n'est pas un hasard si les spécialistes insistent sur les 7 à 8 heures de repos nocturne. Et ce, bien que le cycle “nycthéméral”, qui est l'alternance entre la veille et le sommeil, varie d'une personne à une autre. C'est donc pour cela qu'il est difficile de fixer un nombre d'heures précis à dormir afin de se sentir bien le lendemain. Mais grâce à un sommeil normal, la vigilance des personnes pendant la journée est au point. Ce qui n'est pas le cas pendant le Ramadhan. Il est très courant que les personnes qui jeûnent se plaignent de somnolence diurne et de manque de concentration. Aussi, des études ont démontré qu'il existait une baisse de sommeil pendant le Ramadhan. Celle-ci peut aller de 30 minutes à 2 heures par nuit. Cette modification est souvent la cause de plusieurs troubles, comme la baisse du rendement au travail ou les accidents de la circulation. Les phases de sommeil les plus touchées sont le sommeil lent profond, et le “sommeil paradoxal” qui correspond au stade de rêve. Par ailleurs, le sommeil ne peut survenir si la température du corps est élevée. Mais pendant le mois sacré, les gens ont tendance à manger de plus en plus tard. Ces repas tardifs augmentent la température de notre organisme et retardent le sommeil. D'un autre côté, le manque de repos agit aussi sur le cœur. Ainsi, pendant le Ramadhan les jeûneurs souffrent beaucoup d'asthénie et de fatigue. Ceci peut être en grande partie dû au manque de sommeil. En effet, avec les longues soirées de Ramadhan, le cœur n'est plus reposé. Il est ainsi obligé de fournir un effort supplémentaire. La moindre fatigue retentit sur le cœur et son fonctionnement. Ce dernier est obligé d'accélérer son rythme et donc de travailler plus. Quels conseils donneriez-vous aux «noctambules» pour éviter les conséquences du manque de sommeil ? Les conséquences du manque de sommeil étant dévastatrices aussi bien sur un plan physique que psychologique, il convient donc d'aborder quelques mécanismes qui vous permettront de retrouver un cycle de sommeil régulier afin d'enrayer ce phénomène. – Luttez contre les conséquences du manque de sommeil en éliminant les distractions matérielles : pour ne plus avoir l'impression de «rater quelque chose» en allant vous coucher, il paraît efficace de couper toute source informationnelle au moins une heure avant d'aller rencontrer Morphée (internet, smartphone, télévision…). Pressez le petit bouton rouge et commencez à lire un livre ou un magazine, simplement pour permettre à votre esprit de s'évader et favoriser votre imagination plutôt que d'en limiter l'expression. Dans la même optique, il est conseillé de cacher toute source de lumière dans votre chambre. Fermez vos volets, mettez votre peignoir sur votre réveil… L'obscurité favorise le sommeil. – Luttez contre les conséquences du manque de sommeil grâce à l'activité physique : la «bonne fatigue», celle liée à l'activité physique permet généralement de favoriser l'apparition du sommeil. Il est alors conseillé de faire du sport en début de soirée (musculation, sports collectifs…), voire faire une promenade avant d'aller vous coucher. – Luttez contre les conséquences du manque de sommeil en favorisant l'hygiène personnelle : une bonne douche vous fera le plus grand bien avant d'aller vous coucher. Et pour un effet des plus satisfaisants, veillez à changer vos draps de manière fréquente. – Luttez contre les conséquences du manque de sommeil grâce à la respiration : pour vous endormir de manière rapide, sans laisser aller votre esprit à des réflexions sur vos soucis passés ou futurs, il paraît efficace de vous concentrer sur votre respiration. De manière très simple, il vous suffira alors de prendre de longues et profondes inspirations avant d'expirer tout aussi calmement, jusqu'à ce que le sommeil vous rattrape. Pour la plupart d'entre nous, les conséquences du manque de sommeil sont évidentes, mais encore trop souvent laissées de côté, comme si ce n'était qu'un problème secondaire. Mais en réalité les troubles liés à la fatigue engendrent une véritable instabilité psychologique. Et pour ne rien arranger, sachez qu'avec l'âge le sommeil devient de plus en plus difficile à rattraper. Si votre santé et votre bien-être vous importent, il vous revient donc de ne pas minimiser l'importance de ce phénomène. La SAMS offre un cadre de référence en Algérie quant à la vulgarisation des troubles du sommeil... La Société algérienne de médecine du sommeil est une société savante créée en 2013 et qui regroupe médecins, chercheurs et professionnels de santé impliqués dans le domaine du sommeil et de ses pathologies. Sa vocation : promouvoir le sommeil et ses pathologies comme une composante de santé publique. Ses missions : sensibiliser, informer et éduquer sur les troubles du sommeil et de la vigilance. Véritable interface de communication et de prévention sur le sommeil en Algérie, la SAMS s'investit pour que le sommeil soit reconnu comme un facteur essentiel de la santé de façon individuelle et collective.