Au fur et à mesure que l'enquête avance à Milan, l'affaire des pots-de-vin versés par Saipem, filiale du groupe énergétique italien ENI, touche de gros poissons. Selon le journal italien La Republica, repris par Algeriepatriotique, le parquet de Milan a réclamé la mise en examen de l'ex-patron de l'ENI, Paolo Scaroni. Cette demande est appuyée par de nouvelles révélations obtenues par les enquêteurs qui accablent le premier responsable de ce géant pétrolier italien. Le procureur de Milan, ajoutent les mêmes sources, fait état de nouvelles preuves irréfutables de l'implication directe de l'ancien PDG de l'ENI dans cette affaire de 197 millions d'euros de commissions payées par Saïpem pour l'obtention de marchés en Algérie d'un montant global de 8 milliards d'euros. Parmi les preuves que détient le procureur de Milan, il y a «trois écoutes téléphoniques qui attestent que M. Scaroni était au courant des commissions illicites touchées par des Algériens». Selon le quotidien économique italien Il Sole 24 Ore, repris lundi dernier par Maghreb Emergent, l'ancien PDG d'ENI, Paolo Scaroni, avait affirmé «ne rien savoir sur ce prétendu versement de pots-de-vin à l'Algérie de la part de Saipem», tentant ainsi de démentir les déclarations de l'ancien dirigeant de Saipem Contracting Algérie, Tullio Orsi, faites en décembre 2014 aux enquêteurs et selon lesquelles M. Scaroni était bel et bien informé de ces commissions. Une requête a été introduite pour intégrer dans le dossier cet élément nouveau qui risque de donner une nouvelle tournure à l'affaire. D'après la reprise d'Algériepatriotique, «le magistrat compare cette affaire au scandale politico-financier lié au financement illicite des partis politiques, appelée Tangentopoli, la fameuse opération ‘‘Mains propres'', conduite par le procureur adjoint de Milan, Antonio Di Pietro, en 1992. Des partis politiques étaient alors accusés de percevoir des versements d'argent étranger intensifs». Jusque-là, seuls les responsables de Saïpem ont été mis en examen du côté italien et l'intermédiaire Farid Bedjaoui, détenteur de la société Pearl Partners domiciliée à Hong Kong, par laquelle ont transité les pots-de-vin. Chakib Khelil, dont le nom a été cité à plusieurs reprises, n'est pas inculpé pour le moment.