Le parquet de Milan ouvre une nouvelle piste pour retrouver les traces des pots-de-vin versés par Saipem aux fins d'obtenir des contrats en Algérie en se penchant, cette fois, sur le cas de la société Paolo Scaroni Trust. Nouveau rebondissement dans l'affaire Sonatrach II. Le parquet de Milan vient de lancer une nouvelle commission rogatoire afin de débusquer le circuit des fonds versés pour payer des pots-de-vin. Selon la presse italienne, le parquet de Milan a relancé l'enquête concernant des pots-de-vin ayant permis à Saipem (filiale de la major pétrolière italienne ENI) d'obtenir des contrats en Algérie, en se penchant sur le cas particulier de la société Paolo Scaroni Trust.L'enquête reprend donc de plus belle après une année et demie de silence, suite aux révélations concernant une affaire de corruption ayant impliqué ENI au Nigeria. Le fait que l'ancien patron de l'ENI, Paolo Scaroni, ait été cité dans des affaires similaires en Algérie et au Nigeria, la justice italienne a décidé de relancer l'enquête dans l'objectif de reconstruire tous les mouvements de fonds versés par Saipem à Pearl Partners, une société basée à Hong Kong et contrôlée par Farid Bedjaoui, «homme de confiance de Chakib Khelil», qui fait d'ailleurs l'objet d'un mandat d'arrêt international ordonné par Interpol le 25 avril dernier pour avoir joué, selon les soupçons qui pèsent sur lui, le rôle d'intermédiaire entre le patron d'ENI et les responsables algériens. Dans ce sens, le quotidien la Repubblica précise qu'il s'agit de suivre la piste des 200 millions de dollars de pots-de-vin versés pour l'obtention, entre 2006 et 2010, de contrats totalisant plus de 13 milliards de dollars, via de vastes enquêtes par le biais de commissions rogatoires en Algérie, au Luxembourg, aux Emirats arabes unis, en France, à Hong Kong, à Singapour, au Liban ainsi qu'en Suisse. Enquête internationale L'enquête internationale risque d'apporter des faits nouveaux car reposant sur des soupçons selon lesquels les pots-de-vin versés auraient non seulement permis d'arroser différents intermédiaires côté algérien, mais aussi de verser des rétrocommissions dont auraient bénéficié des responsables d'ENI, à leur tête Paolo Scaroni, ainsi que l'ex-directeur général de Saipem Franco Tali, l'ex-directeur des opérations Pietro Varone, Alessandro Bernini (qui occupait le poste de directeur des finances), l'ancien directeur général pour l'Algérie Tullio Orsi et Antonio Vella (alors responsable d'ENI pour l'Afrique du Nord). Comme pour le cas de Pearl Partners, les fonds auraient transité par la Paolo Scaroni Trust, société de Paolo Scaroni, constituée en 1996. Agissant sur ordonnance d'une commission rogatoire en Suisse, le parquet de Milan s'intéresse aux flux d'argent ayant transité par la Trust et dont les bénéficiaires seraient Paolo Scaroni, sa femme et ses enfants. Les magistrats du parquet de Milan suspectent que 13 millions d'euros ayant transité par la Trust soient entrés en Italie, tandis que 11 millions auraient été protégés pour être investis dans des opérations immobilières au seul bénéfice de l'ex-patron de la major italienne. Il va sans dire que si les soupçons se confirment, cette affaire de pots-de-vin aura révélé l'enrichissement de certains au détriment des richesses nationales. Des pots-de-vin qui, au final, ont été prélevés sur les richesses de l'Algérie car ayant permis des surfacturations sur un certain nombre de réalisations, notamment celle relative au gazoduc GK3 reliant Hassi R'mel à la ville côtière d'El Kala.