Saïd Sadi a animé, jeudi soir à Tizi Rached (Tizi Ouzou), une conférence intitulée «Ali Laïmèche, une étoile dans l'aube algérienne», à l'occasion du 69e anniversaire de la mort de ce militant surdoué du Mouvement national. Ali Laïmèche est mort à l'âge de 21 ans, huit ans avant que le destin algérien ne bascule, le 1er novembre 1954, un difficile accouchement auquel Laïmèche a contribué avec brio et une grande efficacité», a souligné le Dr Sadi dans sa conférence, ajoutant que «parmi les milliers de personnes présentes à son enterrement (le 6 août 1946, dans son village natal Icharîwen, à Tizi Rached), figuraient la plupart des militants nationalistes de Kabylie, mais aussi d'autres venus du reste du pays, dont des responsables de premier plan du PPA/MTLD». L'ex-président du RCD, qui rappelle que «ce jour-là, la Kabylie accueillait le plus grand rassemblement populaire autochtone enregistré depuis l'insurrection de 1871», se demande «comment un jeune homme de 21 ans a pu acquérir une telle notoriété, un tel crédit et une telle autorité dans une société marquée par le patriarcat mais aussi dans son parti, alors qu'il avait tenu tête sur des dossiers importants à un Messali encore omnipotent». Pour Saïd Sadi, «même en intégrant le fait que la cérémonie funéraire avait été organisée par un autre géant, Bennaï Ouali, qui savait ce que perdaient ce jour-là le PPA/MTLD, la Kabylie et l'Algérie démocratique, l'ampleur de l'événement reste aujourd'hui encore une des grandes inconnues de la chimie complexe qui préside à la naissance d'une relation singulière qui peut se nouer entre une communauté et un dirigeant». «En ce qui concerne notre génération, relève le Dr Sadi, Ali Laïmèche est à la fois un symbole et un mystère. C'est un symbole car son parcours exceptionnel fait de lucidité et d'audace a éclairé la plupart des jeunes d'après-guerre qui refusaient le diktat de la pensée et du parti uniques. C'est un mystère parce qu'il est difficile d'expliquer son rayonnement intellectuel, politique et moral avec une vie si courte, dans un monde écrasé par la peur et la misère et dans un parti où la libre expression n'était pas une règle.» Au cours des débats et à propos de l'avancée de la langue amazighe, le Dr Sadi dira : «Tamazight doit être obligatoire à l'école, comme l'est la langue arabe», indiquant que «si cette dernière n'était pas obligatoire dans les écoles, beaucoup d'Algériens ne l'auraient pas apprise». Il a fait remarquer que «tous les partis (islamistes et autres) qui combattaient hier tout ce qui a un rapport avec tamazight réservent aujourd'hui dans leurs programmes une place à cette langue, attestant que le combat de la génération des militants de tamazight après l'indépendance a fait avancer énormément les choses. Et le combat doit évidemment persévérer pour faire aboutir le combat des Laïmèche, Bennaï, Ould Hamouda…»