Le FFS tient le pouvoir pour responsable de tout ce qui pourrait provoquer l'irréparable. Le Front des forces socialistes (FFS) a vertement critiqué l'action du gouvernement, qu'il accuse de semer la peur au sein de la population dans l'espoir de retarder toute marche vers un changement pacifique. Dans une résolution qui a sanctionné la session ordinaire du conseil national, le plus vieux parti d'opposition, qui s'apprête à fêter son 52e anniversaire, brosse un tableau noir de la situation générale du pays et qualifie les changements au sein des institutions civiles et militaires opérés ces derniers mois comme une «tentative de pérenniser le système» politique. «En panne d'une vision et d'un projet d'avenir, le pouvoir est en train d'exploiter l'aspect économique d'une crise multidimensionnelle pour faire peur à la population et neutraliser toute aspiration politique au changement pacifique et démocratique du système», a dénoncé ce parti, qui n'a émis aucun commentaire particulier sur la mise à la retraite du chef du DRS, le général de corps d'armée Mohamed Mediène dit Toufik. Pour le FFS, «les restructurations menées dans l'administration civile et militaire avec la désignation de nouveaux responsables dans les entreprises publiques, les wilayas, le gouvernement et l'armée visent à pérenniser le système». Le parti considère comme «fondamental le débat politique sur les institutions et sur l'Etat de droit ». Ce débat ne saurait être ni éludé ni contourné au prétexte d'une situation économique, financière et sociale dramatique. Il appelle, dans ce sillage, à «la préservation de l'unité nationale». «Contrevérité» Le FFS qualifie tout simplement de «contrevérité» le fait «de prétendre que la crise économique et financière actuelle est la conséquence exclusive de la chute des revenus pétroliers». Cette crise, estime cette formation politique, ne date pas d'aujourd'hui. «Elle est la résultante de la faillite de toutes les politiques prônées par le pouvoir depuis l'indépendance et de son obstination à maintenir le statu quo et le rejet de toute alternative crédible», a-t-il soutenu. «Tel un pompier pyromane, il impose des mesures d'austérité qui menacent les acquis sociaux des Algériennes et des Algériens», a-t-il relevé, s'opposant à toute remise en cause du caractère social de l'Etat. Cette formation, qui croit toujours à une solution consensuelle à la crise, estime que la situation actuelle exige «une cohésion sociale forte fondée sur un consensus sur les grandes options nationales ; cela implique un débat national et une concertation véritable sur les sujets stratégiques». Le vieux parti de l'opposition ne cache pas son inquiétude quant à l'avenir ; il attire l'attention sur les risques de dérapage et tient le pouvoir «pour responsable de tout ce qui pourrait provoquer l'irréparable». Le règlement de la crise, estime le FFS, passe inéluctablement par un débat et une large concertation avec toutes les forces vives du pays. Jouant toujours la carte de la médiation entre les formations politiques, le FFS dit «poursuivre dans la sérénité et la détermination le travail d'élaboration d'un cadre de concertation pour renforcer le dialogue avec les acteurs politiques et sociaux et élargir aux citoyens le débat sur le consensus national». Il envisage d'ouvrir rapidement un débat, dans un cadre qui reste à déterminer, avec le mouvement associatif et syndical sur les menaces qui pèsent sur les acquis sociaux. Cette démarche vise, selon le FFS, à trouver des instruments efficaces pour «donner suite aux revendications des citoyens sur l'emploi et la préservation du pouvoir d'achat menacés par la crise. Il veut également défendre le service public et le maintien des subventions des produits de première nécessité. Par ailleurs, le FFS va profiter de la commémoration du 52e anniversaire de sa création pour assurer qu'il reste fidèle à son héritage historique et confirmer son engagement à garder le cap de la reconstruction du consensus national pour une alternative démocratique et sociale, fondée sur un Etat de droit».