Miloud Belhenniche est commissaire du Festival national du théâtre comique de Médéa. Il est également directeur de la culture de Médéa. Le Festival, qui en est à sa dixième édition, se déroule jusqu'au 5 octobre à la maison de la culture Hassan El Hassani. - Qu'est-ce qui marque cette 10e édition nationale du théâtre comique de Médéa ? Cette édition est marquée par la forte participation des théâtres régionaux avec la présence de cinq d'entre eux. Dans les premières éditions du festival, les théâtres régionaux n'étaient pas présents, laissant place aux associations et aux coopératives. Le niveau des spectacles était donc assez moyen. Sincèrement, je ne connais pas les raisons qui ont amené les théâtres régionaux à ne pas participer au Festival de Médéa. Ils ont sûrement leurs raisons. Cette année, nous avons repris l'expérience du théâtre de rue qui a commencé en 2014. Des spectacles se déroulent chaque jour à 18h au niveau de la place du Café Hamou au centre-ville. Nous envisageons de généraliser l'expérience dans nos prochaines éditions, en présentant des spectacles de rue dans les autres communes de Médéa qui ne sont pas dotées d'espaces destinés au théâtre. - Vous avez prévu également des ateliers de formation cette année... Des ateliers encadrés par Amar Douara, directeur du Festival du théâtre arabe du Caire, Abderrahmane Benzidane, chercheur en théâtre du Maroc, Smaïl Soufit, directeur artistique du Théâtre régional de Mascara et Djamel Guermi, comédien et metteur en scène au théâtre national Mahieddine Bachtarzi d'Alger. La formation est axée sur l'actorat, la mise en scène, l'écriture dramatique, la critique et l'éclairage. La plupart de ceux qui pratiquent le théâtre à Médéa ont été formés dans les ateliers du festival lors des précédentes éditions. - Le festival est dédié à Mahboub Stambouli. Pourquoi ce choix ? Mahboub Stambouli était un grand homme de théâtre qui malheureusement a été oublié. Nous avons organisé une rencontre-hommage en présence de sa famille, dont son fils le journaliste Bari Stambouli et ses compagnons. Ici même à Médéa, sa région natale, les jeunes ne connaissent pas Mahboub Stambouli et son œuvre. Il était également poète et écrivain. - Vous avez également programmé une rencontre sur Molière et le théâtre arabe... Oui, c'est une manière pour nous de nous ouvrir sur le théâtre universel. Le début est avec Molière dont le nom est lié au théâtre comique et au burlesque. Nous voulons ouvrir le débat sur la présence des pièces de Molière dans le théâtre arabe. - Nous avons constaté que la présentation des spectacles se fait devant une salle archicomble. Où en est le projet du théâtre régional de Médéa ? L'exiguïté de l'espace est un des grands obstacles devant le festival. La salle de la maison de la culture Hassan El Hassani ne compte que 312 sièges. C'est insuffisant. Nous sommes souvent obligés de fermer les portes. Nous le faisons à contrecœur. Le ministère de la Culture a donné son aval au projet du théâtre régional de Médéa après avoir reçu l'étude faite par la direction de la culture. L'enveloppe du projet a été dégagée. Nous attendons que l'Agence nationale des grands projets culturels entame les travaux du théâtre (de 800 places) surtout que la wilaya a réservé un bel espace au centre-ville de Médéa. Comme l'opération est centralisée, je ne peux vous dire quelles sont les raisons qui bloquent le lancement des travaux. Par contre, je peux dire que les habitants et les jeunes de Médéa ont besoin du théâtre régional. La salle, qui a été construite au milieu des années 1990, a été reprise par l'université de Médéa. - Et comment évolue le mouvement théâtral à Médéa ? Depuis les années 1930, avec Mahboub Stambouli notamment, Médéa connaît une activité théâtrale. Cinq associations pratiquent le théâtre à Médéa. Leurs travaux ont été primés au niveau national. Je peux citer l'association El Afrah, qui a décroché le prix de la Grappe d'or au Festival national du théâtre comique en 2012. L'association Bencheneb a décroché le prix du Jury au même festival et le prix d'Encouragement au Festival du théâtre amateur de Mostaganem. L'association Al Akwas a eu le grand prix au Festival du théâtre pour enfants à Khenchela. C'est le résultat aussi du Festival national du théâtre comique qui a permis la formation de tous ces jeunes comédiens et metteurs en scène. Le festival a donc incité, voire encouragé, les jeunes de Médéa à pratiquer le théâtre.