Des ateliers de formation ont été organisés durant le festival, notamment pour la mise en scène, l'actorat et la critique. «Il y a une forte demande pour la formation ici à Médéa. Après dix ans, le festival a formé les comédiens qui animent actuellement les troupes indépendantes de la région. Au niveau national, les théâtres régionaux et les coopératives produisent des pièces pour être présentées ici au festival de Médéa. Cela a relancé l'intérêt pour comédie. Les metteurs en scène, les comédiens et les scénographes veulent confronter leurs productions avec celles des autres. Médéa est devenu, pour eux, un rendez-vous incontournable. Le marché national de la comédie est désormais à Médéa. Il faut savoir aussi que le Festival de Médéa est le seul dans le monde arabe qui s'intéresse au théâtre comique. Donc, c'est un acquis pour l'Algérie qu'il faut défendre», a expliqué le critique et universitaire Mohamed Boukeras, membre du commissariat. Selon lui, toutes les archives sonores, écrites et visuelles du festival sont conservées depuis la première édition. «Nous avons, par exemple, enregistré toutes les pièces, mis à part deux ou trois spectacles, présentés lors du festival. Nous avons en autre possession 80 pièces», a-t-il révélé. Le festival a travaillé ces dernières années sur les thématiques et les variétés de la comédie : burlesque, satire, humour... «Nous nous sommes intéressés aux grands noms de la comédie algérienne, comme Rachid Ksentini. L'expérience de Rachid Ksentini n'a pas été suffisamment étudiée ou mise en valeur. Il a laissé beaucoup de textes qui n'ont pas été explorés. Idem pour Mohamed Touri. Ses textes peuvent être repris et mis en scène selon une vision contemporaine et actuelle», a relevé Mohamed Boukeras, précisant que le festival de Médéa à décidé de rendre hommage chaque année à un artiste algérien pour susciter l'intérêt autour de lui, notamment de la part des universitaires, chercheurs et journalistes. Cette année, le poète et dramaturge Mahboub Stambouli a été à l'honneur avec l'organisation d'une journée d'étude en présence des membres de sa famille. Par le passé, le festival a rendu hommage à Keltoum, Rachid Ksentini, Hassan El Hassani, Mohamed Touri, Rouiched, Abdelkader Farah, Yahia Benmabrouk et Hadj Abderrahmane. Le critique Abdelnacer Khelaf a, pour sa part, rappelé que le théâtre comique était le seul qui attirait le grand public avant l'indépendance de l'Algérie. «La comédie est l'art du peuple. A l'époque, les chansons comiques étaient également présentes dans les pièces théâtrales . Aujourd'hui, il n'y a presque plus de chants comiques dans le théâtre algérien. Maintenant, pour le festival de Médéa, l'Etat doit continuer à soutenir cette importante manifestation. Même si l'on instaure la billetterie, le public de Médéa sera nombreux à assister aux spectacles», a-t-il noté. Miloud Belhenniche, directeur de la culture de Médéa et commissaire du festival, a rappelé que le Festival du théâtre comique est né grâce à l'initiative d'une association qui a voulu rendre hommage à Hassan El Hassani (Boubegra). «En 2005, le festival a été institué par le ministère de la Culture pour l'élargir à tous les artistes algériens qui ont contribué au développement de ce genre théâtral au fil des ans. Nous avons parfois de la difficulté pour sélectionner des spectacles pour la compétition. Les pièces sont plus tragiques que comiques. Cette année, nous avons reçu 27 pièces pour ne retenir que neuf. Le danger est souvent de vouloir faire des pièces de teneur tragique des comédies, forcer le trait», a-t-il souligné. Mohamed Rafik Benouda, qui enseigne à la faculté des lettres de l'université Yahia Farès de Médéa, a confié à Foukaha Star, la gazette du festival, que le théâtre comique algérien ne s'est pas complètement débarrassé des menottes qui lui ont été imposées par des années de censure et de bureaucratie. «Il faut que la scène de théâtre soit un microcosme qui réfléchit de manière fidèle le vécu, les souffrances et les espérances de la société», a-t-il conseillé.