Des mois de négociations et des dizaines de réunions entre les intervenants dans la filière lait commencent à donner des résultats. Le ministère de l'Agriculture et du Développement rural a fait un geste envers les éleveurs, en acceptant d'augmenter de 3 DA la contribution de l'Etat. Les éleveurs ne sont pas satisfaits, tandis que les transformateurs campent sur leurs positions de maintenir le prix actuel de référence de 36 DA le litre. Ainsi, selon le ministère de l'Agriculture, le gouvernement a décidé que le prix de référence du litre de lait cru de vache soit fixé à 50 DA, à savoir 36 DA le prix de cession du lait cru aux laiteries et 14 DA de subvention de l'Etat, contre respectivement 34 DA et 12 DA auparavant. L'augmentation de la subvention (14 DA) vise à inciter les éleveurs à produire un lait de qualité, sain et marchand, selon la même source. Et pour illustrer l'importance de cette augmentation, le ministre de l'Agriculture, Sid-Ahmed Ferroukhi, qui a rencontré hier les intervenants du secteur, a estimé qu'un dinar de plus «coûte à l'Etat 9000 milliards de centimes». Outre ces subventions, les autorités publiques ont également décidé de consacrer près de 25 milliards de dinars à l'investissement dans les différents segments de la filière dont la production du fourrage et les crédits bonifiés lesquels seront accordés, pour la première fois, aux petits éleveurs des bovins laitiers, a expliqué M. Ferroukhi, qui a réuni les représentants des éleveurs pour leur annoncer les nouvelles mesures. «Notre ambition est grande : si nous parvenons à concrétiser ces dispositions sur le terrain et à changer le modèle de développement de la filière, nous pourrons réduire considérablement le recours à l'importation de la poudre de lait d'ici à 2019», a estimé le ministre, cité par l'APS. Si les mesures prises par l'Etat sont plutôt bien accueillies, les éleveurs estiment que «cela reste insuffisant». «L'Etat a fait ce qu'il fallait. C'est un effort considérable. Mais cela reste insuffisant et la balle est désormais dans le camp des laiteries», réplique Rabah Ouguemat, président de l'Association des éleveurs de la wilaya de Tizi Ouzou, une des plus actives à l'échelle nationale. Notre interlocuteur pense que les éleveurs «doivent désormais négocier avec les laiteries pour leur vendre plus cher le litre de lait», dit-il. Concernant les laiteries, elles ont toujours refusé de payer un prix plus élevé, se contentant, pour la majorité d'entre elles, d'acquérir la poudre de lait. Pour l'Etat, il ne s'agit pas de se limiter aux subventions. Le ministre de l'Agriculture a annoncé des aides pour des investissements dans le domaine de la production des fourrages. Sid-Ahmed Ferroukhi a également annoncé la création d'une banque des petits agriculteurs. «Au départ, cette petite banque sera destinée aux éleveurs laitiers n'ayant pas les capacités d'acheter leur aliment, et ce, avant de la généraliser aux autres petits agriculteurs», a estimé le ministre, qui ambitionne d'améliorer la qualité du lait pour arriver à une vraie industrie agroalimentaire. «Nous devrons arriver à améliorer la qualité du lait afin d'intégrer la filière dans l'industrie agroalimentaire», a indiqué M. Ferroukhi.