Ces auxiliaires de justice aspirent à l'élargissement du champ d'intervention de la médiation, de la prévention à la résolution des conflits sociaux et familiaux et à la médiation conventionnelle. Le médiateur judiciaire est un auxiliaire de justice dont le rôle est de régler des conflits sociaux de travail, familial et récemment la médiation pénale à l'amiable, sans passer par la lourde procédure judiciaire qui commence par un dépôt de plainte et se termine à la Cour suprême après des mois, voire des années de bataille juridique qui use le justiciable moralement et financièrement. Cependant, ce nouveau corps de la justice reste méconnu du grand public. Depuis l'entrée en vigueur de la médiation en avril 2009 jusqu'à la fin 2014, «seulement 727 affaires ont été confiées et traitées par les médiateurs soit 1,5 dossier pour chacun des 66 médiateurs que compte la wilaya de Béjaïa, à titre d'exemple. Ce qui veut dire que la médiation est méconnue par les justiciables à défaut d'informations», explique le président du bureau des médiateurs de Béjaïa, Mohamed Khimoum. Dans un communiqué, ces auxiliaires de justice, structurés en Association nationale des médiateurs judiciaires, ont émis des propositions susceptibles de renforcer la place de ce corps dans le paysage judiciaire et d'élargir ses missions. A ce propos, ils ont proposé «l'élargissement des champs d'intervention de la médiation, de la prévention à la résolution des conflits en introduisant les affaires sociales et familiales ainsi que la médiation conventionnelle». Sur le plan social, notamment, ce qui est lié aux conflits individuels ou collectifs du travail, les médiateurs proposent à ce que «ce genre d'affaire leur soit confié par la force de la loi 90-02 de février 1990. Une simple affaire dans ce domaine peut être réduite à moins d'un mois au lieu de six mois en suivant la procédure conventionnelle». Cela, disent-ils, déchargera l'inspection du travail et permettra aux parties en conflit de gagner du temps. Quant à la médiation familiale, les médiateurs «soutiennent qu'ils sont plus habilités à traiter ce genre d'affaire vu leur sens du contact et de l'écoute ainsi que la neutralité». Ils suggèrent, à ce propos, l'organisation de formations au profit de ces éléments et que les chefs des tribunaux fassent l'effort d'orienter les personnes ayant des conflits familiaux vers les médiateurs en portant une mention spéciale. Ce geste participera, selon eux, à l'effort de sensibilisation et de vulgarisation à l'endroit des citoyens. Par ailleurs, une rencontre a eu lieu début janvier entre la délégation des médiateurs des tribunaux de Béjaïa, Amizour, Sidi Aïch, Kherrata et Akbou et les autorités judiciaires locales. Lors de cette rencontre, Mohamed Khimoum, qui est également président du bureau des médiateurs judiciaires de Béjaïa, a soulevé les difficultés fréquemment rencontrées par ces médiateurs dans l'accomplissement de leur travail. Deux problèmes épineux à leurs yeux, à savoir, l'absence de local pour y installer une permanence et la désignation de médiateur par le juge. Pour eux, l'octroi de bureaux de permanence dans les tribunaux leur permettra d'entreprendre un grand travail de sensibilisation et d'information sur ce métier afin de vulgariser «les vertus d'une pratique qui figure déjà dans l'identité algérienne et qui n'a besoin que d'être réanimée», à savoir la médiation.