Jamais la délinquance et la criminalité n'ont atteint des seuils aussi alarmants à Bordj El Bahri. Les homicides, les vols de voiture, les agressions à l'arme blanche et les cambriolages sont devenus un phénomène inhérent à la commune. Les habitants de cette ville de l'est de la capitale vivent au rythme de forfaits qui viennent ébranler par intermittence la fausse sérénité dont les plus enclins à l'optimisme s'illusionnent. La psychose s'est emparée de la ville, après l'effroyable meurtre commis sur un jeune père de famille de 23 ans. Hamza Benserai, qui a été poignardé dans la nuit de dimanche à lundi par une bande de trafiquants de drogue. Le jeune homme, connu pour être un boxeur, a par ailleurs fait part à la police de menaces de mort proférées contre lui à plusieurs reprises, mais «la police n'a pas fait son travail». Le jeune homme était menacé par les éléments de cette bande depuis fort longtemps. Les dealers qui lui en voulaient étaient impliqués dans 37 affaires liées au crime. La victime a porté plainte au commissariat de Bordj El Bahri à deux reprises. Mais rien n'a été fait. «Les policiers sont là juste pour toucher leur paie à la fin du mois», s'emporte un proche de la victime. Et d'ajouter : «Les services de sécurité sont défaillants sur tous les plans. Ils refusent dans certains cas d'intervenir.» Comme ultime réaction «au flegme et à la nonchalance des services de sécurité», les habitants du quartier l'Abattoir et ceux de la cité Cosider, dont est issu le jeune homme assassiné, ont organisé un rassemblement devant le commissariat de police. «Nous dénonçons à travers ce rassemblement la montée de la criminalité et de la délinquance quelle que soit leur origine. Ainsi que le manque d'entrain de la police qui, dans la plupart des cas, évite la confrontation avec les malfrats», dénonce un habitant du quartier l'Abattoir. «Notre commune est devenue invivable. Le nombre de délinquants et de bandes qui y sévissent est ahurissant. Des victimes de cambriolages ont signalé par téléphone les forfaits. Cependant les policiers n'ont jamais fait de déplacement», poursuit-il. Dans certains quartiers de la ville, les vols de voiture se comptent par dizaines. «Dans notre rue, il y a eu cinq vols de voitures en quelques jours seulement. C'est un record pour une rue d'à peine 50 mètres», ironise un résida nt du lotissement Ben Djaida. Le quartier l'Abattoir, une zone de non-droit Dans ce lotissement tentaculaire, érigé sur les bords d'un oued pollué, les vols, les cambriolages et les agressions à l'arme blanche font partie du quotidien des habitants. L'insécurité s'est durablement enracinée dans le quartier après que les autorités locales aient toléré, durant la décennie noire, la construction d'un bidonville sur la plage. Le baraquement, situé entre Coco Plage et le lotissement l'Abattoir, s'est greffé à l'agglomération et est devenu source de propagation de tous les maux. «En plus des drogues dures, telles que le LSD et la cocaïne, qui sont écoulées par des ressortissants africains, le bidonville contenait il y a quelque temps des dépôts illégaux de boissons alcoolisées», affirment des habitants du quartier. «Les malfrats n'hésitent pas à s'en prendre aux habitants. Il n'y a pas une rue qui échappe à la dépravation et aux vols», témoigne un habitant. Les cambrioleurs ne se limitent pas à l'entrée par effraction dans les maisons. Quand les résidants découvrent leur présence impromptue, ces derniers se mettent à les insulter et à les défier. «J'ai entendu un bruit qui venait de la cage d'escalier. Pour dissuader les cambrioleurs de monter à l'étage, j'ai fait beaucoup de bruit. Découvrant notre présence dans l'appartement, l'un des cambrioleurs s'est mis alors à nous insulter de sous le balcon, tandis que son acolyte était prêt à nous assaillir, car il se cachait dans l'escalier. Ces voleurs voulaient que nous sortions dans la rue, mon frère et moi, pour nous agresser. D'ailleurs, celui qui était sous le balcon n'a pas hésité à brandir une machette», raconte un habitant de la cité Cosider, qui s'interroge sur les commissariats de proximité. «Les pouvoirs publics avaient lancé il y a quelques années plusieurs projets de réalisation de commissariats dits de proximité. Des quartiers ont bénéficié de ces structures, mais pas le nôtre», déplore-t-il.