Selon les dernières prévisions du Fonds monétaire international (FMI), publiées mercredi à Washington, les revenus de l'Algérie devraient se redresser en 2017 et maintenir une hausse progressive jusqu'à 2021. Cependant, le FMI ne précise pas les facteurs qui seront à l'origine de ce redressement et si la hausse va concerner les recettes fiscales ordinaires ou pétrolières. «Je me demande sur quoi le FMI se base ? Etant tributaire des hydrocarbures à 99%, ce redressement ne peut se faire que sous l'effet d'une remontée des cours du pétrole. Dans ce cas, ceci est valable pour tous les autres pays», explique l'analyste financier Ferhat Aït Ali. Un avis partagé par Smaïl Lalmas, président d'Algérie Conseil Export, qui affirme : «Tous les indices démontrent qu'on se dirige vers une crise plus grave. Pour qu'un pays redresse sa comptabilité, il faut que des actions soient menées. Nous avons une économie basée sur la rente pétrolière et ce redressement dont parle le FMI ne peut se faire que s'il y a une augmentation des prix du pétrole. D'ailleurs, les experts annoncent un déficit de 30 milliards pour 2017 qu'il faudra combler.» De son côté, Farid Yaïci, enseignant en économie à l'université de Béjaia, explique : «S'il y a redressement, cela ne peut se faire que si les prix du pétrole augmentent.» Ce dernier estime : «Je pense que le FMI table sur le fait qu'il va y avoir un accord entre les pays OPEP et non OPEP pour baisser la production et la reprise des prix pétroliers. Nous n'avons pas une économie hors hydrocarbures et elle ne peut pas se faire rapidement. Cela demande du temps.» Par ailleurs, selon le FMI, les revenus de l'Algérie devraient progresser pour représenter 27,2% du PIB, contre 26,1% du PIB en 2015. «Ce qui est assez “comique” dans cette affirmation, c'est le fait qu'elle contredit la première, il est évident que si vous prenez le PIB en dinar courant, il peut progresser sous l'effet d'une dévaluation du dinar, commente Ferhat Aït Ali. Mais parler d'un point de pourcentage par rapport au PIB comme progression est une blague.» De plus, selon le FMI, le déficit du solde global du budget qui a doublé en 2015 à -15,3% du PIB après s'être établi à -7,3% du PIB en 2014, va légèrement se réduire à partir de l'année en cours pour atteindre 14,6% du PIB et 11,6 % du PIB en 2017. A cet effet, Ferhat Aït Ali réagit : «Le déficit peut se réduire, et doit se réduire même de plusieurs points par réduction des budgets ou augmentation du PIB. Par contre, il ne faut pas compter sur les recettes fiscales, car elles sont tributaires des importations. Mais quand on a un deficit qui traine à 15% du PIB lui même induit par une seule ressource, alors que le niveau d'alerte en Europe est de 3%, il y a de quoi s'inquiéter.» Il est à noter que le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, s'est rendu à Washington pour participer aux travaux des Assemblées de printemps du FMI et de la Banque mondiale, qui se tiennent du 15 au 17 avril. Il prendra part aux travaux du Groupe des 24 (G24) sur les questions monétaires internationales et du développement ainsi que du Comité de développement de la Banque mondiale et du Comité monétaire et financier international du FMI.