Selon les prévisions du Fonds, les réserves de changes devraient baisser de 194 milliards de dollars en 2013 à 187,6 milliards de dollars à la fin de cette année pour se contracter, en 2015, à 172,6 milliards de dollars. Le conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI), qui a conclu, le 1er décembre dernier, les consultations au titre de l'article IV de ses statuts avec l'Algérie, se félicite du regain d'activité économique, du nouveau recul de l'inflation et de l'ampleur des marges de manœuvre. Dans un communiqué publié jeudi, le FMI évoque un raffermissement de l'activité économique en 2014. La croissance du PIB réel devrait, d'après les projections, se hisser à 4% contre 2,8% en 2013. Le secteur des hydrocarbures devrait progresser pour la première fois en huit ans et dans les autres secteurs, la croissance reste porteuse. L'inflation a marqué un net repli pour se situer à 2,1% grâce, en partie, au resserrement de la politique monétaire. "L'Algérie continue à avoir d'importantes marges de manœuvre sur les plans extérieur et budgétaire", constate le FMI, mais, il avertit que "les menaces qui pèsent sur la stabilité macroéconomique s'accentuent". Pour la première fois en près de 15 ans, relève le Fonds, le compte des transactions courantes devrait se solder par un déficit. À moyen terme, les déficits devraient se creuser car la forte consommation intérieure d'hydrocarbures et la baisse des cours du pétrole sont défavorables aux exportations, tandis que les importations, stimulées par les dépenses publiques, continuent d'augmenter. Les exportations ne sont pas suffisamment diversifiées et l'investissement direct étranger (IDE) est freiné par les restrictions sur l'actionnariat. Selon le FMI, le déficit budgétaire devrait se creuser à plus de 7% en raison du recul des recettes d'hydrocarbures, de la nette hausse des dépenses d'investissement et de la poursuite des fortes dépenses courantes. Les recettes hors hydrocarbures sont inférieures à leur potentiel, la masse salariale est élevée et les subventions ainsi que les transferts sont coûteux, représentant environ 26% du PIB. L'épargne budgétaire devrait baisser pour la deuxième année consécutive "L'Algérie jouit certes d'une stabilité macroéconomique, mais elle a besoin d'une croissance plus rapide et plus solidaire pour créer suffisamment d'emplois à l'intention de sa population jeune", note le FMI. Dans le secteur public, ajoute le communiqué, "les investissements sont peu efficients, et dans le secteur privé, la croissance est entravée par un lourd climat des affaires, un secteur financier insuffisamment développé et une intégration internationale limitée. Enfin, les rigidités sur le marché du travail et l'inadéquation des qualifications limitent l'impact que peut avoir la croissance économique sur la création d'emplois". Les administrateurs constatent des vulnérabilités croissantes dans un contexte de baisse des prix du pétrole : détérioration de la situation budgétaire et du solde des transactions courantes et diminution de l'épargne budgétaire et des réserves de changes. Selon les prévisions du FMI, les réserves de changes devraient se contracter à 187,6 milliards de dollars à la fin de cette année pour atteindre 172,6 milliards de dollars en 2015, contre 194 milliards de dollars en 2013. Les membres du conseil d'administration du FMI préconisent de prendre rapidement des mesures pour préserver la stabilité macroéconomique, en les complétant par des réformes de grande envergure pour diversifier l'économie, améliorer la compétitivité et promouvoir une croissance solidaire et la création d'emplois. Les recommandations du FMI Les administrateurs soulignent la nécessité d'un assainissement persistant des finances publiques, ancré sur des règles budgétaires crédibles pour remédier au déficit budgétaire croissant et assurer la viabilité des finances publiques. Ils considèrent qu'il est possible d'accroître les recettes hors hydrocarbures, en élargissant l'assiette fiscale, en renforçant l'administration des impôts et en réduisant les exonérations fiscales. Du côté des dépenses, il convient d'intensifier les efforts pour contenir les dépenses courantes, notamment la masse salariale, et remplacer progressivement les subventions par un dispositif ciblé de transfert monétaire pour protéger les plus vulnérables. Compte tenu du risque de réapparition de tensions inflationnistes, les administrateurs encouragent les autorités monétaires à rester prudentes et à se tenir prêtes à absorber davantage de liquidités et à augmenter les taux d'intérêt. Ils suggèrent une augmentation des émissions de bons du Trésor pour contribuer à résorber les liquidités, en réduisant le besoin de recourir au fonds d'épargne pétrolière pour financer le budget, tout en approfondissant le marché des capitaux. Les administrateurs soulignent l'importance d'entreprendre des réformes structurelles plus vastes pour accélérer la croissance sous l'impulsion du secteur privé et réduire encore le chômage, notamment des réformes visant à améliorer les infrastructures, la productivité et l'efficacité de l'investissement public. Ils encouragent aussi les autorités à poursuivre leurs efforts pour assouplir les réglementations du marché du travail, remédier à l'inadéquation des compétences et promouvoir l'emploi des femmes et des jeunes. Le FMI prévoit une hausse du taux de chômage qui devrait passer de 9,8% en 2013 à 10,7% cette année. M R