C'est sans aucun remord que l'ex-président du Conseil constitutionnel algérien, Mohamed Bedjaoui, a expliqué avoir introduit Pierre Falcone dans les réseaux d'affaires officiels du pays. Ami de longue date du Président, oncle du détourneur Farid Bedjaoui, ce juriste suprême a probablement oublié qui était Pierre Falcone. Dates symboliques : Pierre Falcone est né à Alger en 1954, parti d'Alger en 1962 pour devenir un homme d'affaires aux procédés très douteux. Pourquoi introduire un tel personnage dans l'opaque forêt des contrats publics ? Peut-être parce que Falcone a servi d'intermédiaire dans l'autoroute Est-Ouest, grosse opération de surfacturation pour un projet initialement plafonné et qui en a coûté le double, avec ce record du plus gros marché d'Afrique pour une œuvre qui n'est pas terminée 10 ans après son lancement et comporte de nombreuses malfaçons. Mais il n'y a pas de hasard dans les affaires ; avant d'être (ré)introduit à Alger, Pierre Falcone est condamné en 2007 par un tribunal de Paris à un an de prison ferme pour détournement dans l'affaire de la Sofremi, condamné en 2008 pour fraude fiscale à 4 ans de prison et jugé en 2009 dans l'affaire de l'Angolagate. C'est justement cette même année 2009 qu'il est à Alger et que le scandale de l'autoroute Est-Ouest éclate, avec déjà la trace d'un milliard de dollars volatilisés où Pierre Falcone est cité par les inculpés comme l'un des principaux bénéficiaires du système de commissions occultes. C'est une autre énigme du régime algérien : comment peut-on se vanter d'avoir introduit un tel personnage dans un marché si sale qui a coûté des milliards de dollars au contribuable ? C'est une règle non publiable du système judiciaire en vigueur : quand on est un proche du président en vigueur, on est automatiquement innocent. Ne sont coupables que ceux qui sont à l'autre bout de l'autoroute Est-Ouest. C'est-à-dire à l'est.