Chani Medjdoub fait partie des principaux inculp�s dans le scandale de l�autoroute Est-Ouest. Plac� sous mandat de d�p�t par le tribunal de Sidi- M�hamed, le businessman alg�ro-luxembourgeois a jou� le r�le d�interm�diaire entre de hautes personnalit�s de l��tat alg�rien et les responsables du groupement chinois CITIC-CRCC. Des services qui lui ont permis de d�crocher des commissions de plus de 30 millions de dollars am�ricains. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - Inconnu de l�opinion publique alg�rienne, Chani Medjdoub est consid�r� comme un acteur-cl� dans le scandale de l�autoroute Est-Ouest. Homme d�affaires prosp�re, il �tait � la t�te de plusieurs entreprises au Luxembourg, pays o� il s�est install� � la fin des ann�es 1980. Mais sa success-story a pris subitement fin au mois de septembre 2009 � l�a�roport international d�Alger. Pr�sent� devant le juge d�instruction pr�s le tribunal de Sidi-M�hamed, Chani Medjdoub est poursuivi pour les chefs d�accusation suivants : direction d�association de malfaiteurs, blanchiment d�argent, abus d�autorit�, corruption et violation de la r�glementation des changes et celle r�gissant les mouvements des capitaux. Pourtant, � premi�re vue, Medjdoub appara�t comme un investisseur revenu dans son pays d�origine pour se lancer dans le business. Au d�but des ann�es 2000, il lance Oriflame, une franchise su�doise sp�cialis�e dans la vente de cosm�tiques, ainsi que Handynet, une entreprise de vente et d�installation d��quipements informatiques. �Ces soci�t�s ont permis � Chani Medjdoub de s�introduire dans le microcosme alg�rois. Il a r�ussi � s�allier � des personnalit�s tr�s influentes, notamment des ministres�, explique une source proche de ce dossier qui a requis l�anonymat. Lobbying Abdelatif Benachenhou, alors ministre des Finances, figure parmi ses connaissances. �Chani est financier de formation. Il conna�t � la perfection les rouages des syst�mes bancaires internationaux. Avec le temps, Chani a r�ussi � tisser des liens solides avec le ministre des Finances. Lors d�une entrevue, il lui a fait part de la volont� de l��tat alg�rien de parachever le projet d�autoroute Est-Ouest. Le pr�sident de la R�publique Abdelaziz Bouteflika venait juste de se faire r��lire � un second mandat. Ce projet �tait donc d�une importance capitale�, a indiqu� notre interlocuteur. Selon lui, Abdelatif Benachenhou aurait demand� � Chani Medjdoub de jouer le r�le d�interm�diaire aupr�s �d�institutions financi�res europ�ennes afin de soutenir ce projet�. Medjdoub devait �galement aider � constituer un �fonds financier � pour permettre de soutenir �le programme pr�sidentiel de Abdelaziz Bouteflika�. Pour cela, l�homme d�affaires a re�u instruction de prendre attache avec un certain Nacereddine Boussa�d, connu sous le sobriquet de Sacha. C�est � Paris, o� r�side Sacha, que les deux hommes se sont rencontr�s. �En fait, il y a eu comme un retournement de situation. Le ministre des Finances, pour des raisons qui restent � d�finir, a finalement demand� � Chani de ne plus avoir de contacts avec Nacereddine Boussa�d. D�ailleurs, Benachenhou aurait refus� de prendre part au conseil interminist�riel consacr� au projet d�autoroute Est- Ouest � cause de la pr�sence de Sacha et de Pierre Falcone. Ces derniers y ont assist� en qualit� de repr�sentants d�entreprises chinoises. Cette rencontre, unique dans les annales de la R�publique alg�rienne et organis�e par Mohamed B�djaoui, s��tait d�roul�e avant l�attribution du march�.� Le lobbying aura finalement port� ses fruits puisque le groupement chinois parviendra � remporter, quelques mois plus tard, une partie du projet de r�alisation de l�autoroute Est-Ouest. Mais les entreprises chinoises seront vite confront�es � des blocages d�ordre administratif, voire bureaucratique. Une aubaine pour le groupe de lobbyistes ! R�seau Un v�ritable r�seau se met en place. C�est Nacereddine Boussa�d qui charge Chani Medjdoub de le constituer. L�homme d�affaires prend alors attache avec Hamid Melzi, le tr�s influent directeur des r�sidences d��tat, qui le pr�sente au secr�taire g�n�ral du minist�re des Travaux publics, Mohamed Bouchama. En fait, Chani Medjdoub a d�j� quelques �entr�es� en la personne d�un de ses amis, le colonel Khaled, officier en poste au minist�re de la Justice. Notons au passage que l�ensemble des officiels alg�riens ne semblaient pas g�n�s par le fait, qu�� la m�me �poque, Chani Medjdoub �tait sous le coup d�une d�cision de justice pour son implication dans le scandale du Faki, le Fonds alg�ro-kowe�tien pour l�investissement. �Sa relation directe avec le secr�taire g�n�ral du minist�re lui a permis de r�gler une s�rie de probl�mes auxquels �taient confront�s les Chinois. C�est le cas de la probl�matique des visas et des permis de travail octroy�s � la main-d��uvre charg�e de r�aliser le projet, ou encore des probl�mes d�ordre technique relatif aux mat�riaux. Mais c�est surtout dans le d�blocage des situations financi�res, notamment celles concernant des avenants au projet de r�alisation de l�autoroute qu�il se montrera efficace. Chani Medjdoub deviendra l�interlocuteur privil�gi� des responsables de la CITICCRCC, de Pierre Falcone et de Nacereddine Boussa�d. Son contrat sera scell� � l�occasion d�un voyage effectu� � P�kin. Ses services seront g�n�reusement r�tribu�s. Pour ce faire, Medjdoub cr�e trois entreprises fictives domicili�es � Hong-Kong et ouvre des comptes dans deux banques, une en Autriche et l�autre � Singapour. En tout, Medjdoub a per�u la totalit� de 30 millions de dollars am�ricains en plus d�une somme cons�quente en dinars alg�riens�. Corruption Chani Medjdoub finira, lui aussi, par conna�tre des entraves dans sa mission de �repr�sentation� du groupement chinois aupr�s du minist�re des Travaux publics. Une situation due � un litige entre la CITICCRCC et la division des nouveaux projets de l�Agence nationale des autoroutes. Division que dirigeait Mohamed Kheladi, lui aussi inculp� dans l�affaire de l�autoroute Est-Ouest. Le pi�ge commence � se refermer sur Medjdoub. L�ch� par ses complices, il sera finalement arr�t� en septembre 2009. Les investigations d�montreront que l�homme d�affaires alg�ro-luxembourgeois �tait � la t�te d�un r�seau dont le principal levier �tait la corruption. �Le colonel Khaled a largement b�n�fici� de ses largesses. Il s�est, en outre, charg� d�acheter la villa de l�officier pour le compte du chanteur Cheb Khaled. Le co�t de la transaction s��l�ve � 8, 2 milliards de centimes. Il a �galement acquis un autre appartement du colonel Khaled situ� � Staou�li pour la somme de 4,1 milliards de centimes. Sans compter des pr�sents offerts aux membres de sa famille, notamment des voyages � l��tranger et une voiture pour l��pouse de l�officier. Par contre, Chani Medjdoub a assur� n�avoir accord� aucune faveur au secr�taire g�n�ral du minist�re des Travaux publics. C�est ce dernier qui aurait refus�.� L�enqu�te, qui se poursuit actuellement, devrait d�terminer avec exactitude la qualit� et le statut des personnes qui ont b�n�fici� de cette manne. T. H. QUAND LA FRAN�AFRIQUE TRACE L�AUTOROUTE EST-OUEST Falcone versus Ollivier Les noms de deux Fran�ais tr�s influents reviennent en permanence dans le scandale de l�autoroute Est-Ouest. Il y a bien s�r celui de Pierre Falcone, homme d�affaires n� � Alger impliqu� dans plusieurs grosses affaires politiques � travers le monde. Le 27 octobre 2009, il �tait condamn� � 6 ans de prison ferme par le tribunal correctionnel de Paris pour son implication dans l�Angolagate. En fait, ce sont les actions de lobbying de Pierre Falcone qui ont permis au groupement chinois CITIC-CRCC de d�crocher le contrat de l�autoroute. Mais il n�est pas seul sur ce coup. Un autre Fran�ais, moins m�diatis�, a offert ses services aux Chinois. Il s�agit de Jean-Yves Ollivier. Il semble que ce dernier ait �court-circuit� le clan Falcone aupr�s des Chinois. Sp�cialiste en d�veloppement rural, certains d�partements minist�riels alg�riens font appel � lui en qualit� d�expert. Au-del� des luttes qui les opposent, Falcone et Ollivier sont les dignes repr�sentants de ce qui est commun�ment appel� la �fran�afrique�. Durant leur carri�re, les deux hommes se sont attel�s � prot�ger les int�r�ts de la France sur le continent africain. Mais leur implication, directe ou indirecte, dans l�affaire de l�autoroute Est-Ouest n�est pas fortuite. Deux personnages auraient fait appel � eux : l�ex-ministre des Affaires �trang�res et pr�sident du Conseil constitutionnel, Mohamed B�djaoui, ainsi que le tr�s myst�rieux Nacer Boussa�d, alias Sacha.