L'histoire des musées nationaux d'Algérie est tellement belle et passionnante. Elle a toujours été intimement liée au riche patrimoine archéologique, mais aussi culturel et architectural d'un pays vaste, qui a vu défiler de nombreuses civilisations à travers plusieurs siècles. Une richesse qui n'a pas tellement inspiré le service philatélique d'Algérie Poste, et les dessinateurs des timbres-poste durant des années. Pourtant, cette richesse n'a jamais échappé aux intérêts des colonisateurs français. A travers cette histoire qui remonte aux premières années ayant suivi la prise d'Alger en 1830, l'on découvre que l'Algérie abrite le plus ancien musée d'Afrique, celui des antiquités et des arts islamiques, inauguré en 1897 et situé actuellement à l'intérieur du Parc de la Liberté à Alger. En dépit de cette vérité ignorée par de nombreux Algériens, ce musée n'est apparu qu'à deux reprises dans l'histoire de la philatélie algérienne. La première à travers la belle série des mosaïques romaines «Les saisons», découvertes à Aïn Babouche, dans la wilaya d'Oum El Bouaghi, et représentée par Mohamed Temmam dans une émission parue le 21/4/1977. Une seconde apparition est remarquée sur un timbre émis en 2003, dessinée par Ali Kerbouche, consacrée à une mosaïque d'une scène de chasse au chien découverte à Ténès, conservée dans cet établissement. Paradoxalement, le Musée national des beaux-arts d'Alger a été superbement oublié. Pas la moindre représentation depuis l'indépendance pour ce remarquable monument culturel et architectural. Œuvre de l'architecte Paul Guion, réalisé sur le site du Hamma, en face du Jardin d'Essai, et inauguré en 1930, il est avec ses 8000 œuvres, dont des chefs-d'œuvre de renommée internationale, le plus grand musée d'art d'Afrique et du Monde arabe. Il a été la cible d'un attentat commis par l'OAS avant l'indépendance. Par contre, c'est le musée de Cherchell, inauguré en 1908, qui se trouve le mieux nanti, grâce à deux timbres de mosaïques, «Travaux champêtres» et «Ulysse et les sirènes», d'une émission de 2003 dessinée par Ali Kerbouche, suivis de deux autres parus en 2012, du même dessinateur, représentant la mosaïque des muses et celle d'une scène de chasse. Depuis l'indépendance, et sur une bonne vingtaine des plus importants musées d'Algérie (qui en compte au moins 40), on n'y trouve que neuf établissements présents sur 15 timbres seulement. A commencer par la merveille architecturale du Musée du Bardo, représentée dans la série «Art musulman», réalisée par Ali Ali-Khodja et émise le 25/2/1967, suivie dix ans après, le 10/2/1977, du musée saharien de Ouargla, datant de 1937, sur dessin de Sid-Ahmed Bentounes. Le musée de Sétif, dont l'existence remonte à l'époque coloniale, fera son entrée dans la collection grâce à la mosaïque dionysiaque représentée sur trois timbres se tenant, émis en 1980. En 2011, c'est le Musée central de l'armée, inauguré en 1984, qui sera porté sur un timbre dessiné par Sid-Ahmed Bentounes. Une récente émission de trois timbres, parue le 18 avril dernier, sur dessins d'Ali Kerbouche est venue faire connaître aux philatélistes deux des anciens musées nationaux. Celui de Constantine, baptisé musée national Cirta, inauguré en 1931 et classé parmi les plus riches d'Afrique, et le musée Ahmed Zabana d'Oran, inauguré en 1935 et qui compte une collection des plus originales. On découvre à l'occasion de cette émission le Musée Nasreddine Dinet de Boussaâda, inauguré en 1993, et qui regroupe les œuvres du célèbre artiste-peintre. Espérons que le service philatélique d'Algérie Poste consultera bien à l'avenir le riche et long listing des biens classés patrimoine national.