L'EU veut s'attaquer aux «causes profondes» des migrations en donnant aux Africains des perspectives d'avenir chez eux, via le financement de projets concrets. Plus de 10 000 mwigrants ont perdu la vie en Méditerranée depuis 2014. Ces migrants sont morts en tentant de rejoindre l'Europe. L'information a été donnée hier à Genève par le porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR). En 2014, il y a eu 3500 morts en Méditerranée, l'an dernier 3771, auxquels s'ajoutent 2814 décès depuis le début de 2016. C'est un véritable bilan de guerre. Ce chiffre effrayant montre encore fois l'ampleur du drame de l'immigration. De son côté, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui ne dépend pas de l'ONU mais qui est basée à Genève, estime que depuis le début de l'année 2016, il y a eu 2809 morts en Méditerranée, à comparer avec 1838 morts durant le 1er semestre 2015. «Le nombre de décès en Méditerranée en 2016 dépasse de presque 1000 personnes le bilan du 1er semestre 2015, alors qu'il reste encore trois semaines avant la fin du 1er semestre 2016», a indiqué l'OIM dans un communiqué. L'OIM a également donné des précisions sur le naufrage la semaine dernière d'un bateau de migrants au large des côtes de la Crète. Selon l'OIM, qui se base sur des témoignages, 648 à 650 personnes étaient à bord du bateau et 320 manquent à l'appel. En date du 5 juin 2016, poursuit l'OIM, 206 400 réfugiés et migrants sont arrivés en Europe par la mer, via la Grèce, Chypre et l'Espagne depuis le début de 2016. Aucun décès n'a été signalé en Méditerranée depuis samedi 4 juin. Comme arrêter cette catastrophe ? La Commission européenne pense avoir trouvé la solution. Elle a dévoilé hier un nouveau plan pour freiner l'afflux migratoire, faisant miroiter de nouvelles aides financières réservées aux pays «coopératifs» d'Afrique, d'où viennent la plupart des migrants ayant entrepris la périlleuse traversée vers l'UE ces dernières semaines. «L'idée est de se baser sur l'expérience que nous avons récemment eue pour nos accords avec la Turquie», a expliqué le commissaire en charge des migrations, Dimitris Avramopoulos, dans une interview publiée hier par le quotidien allemand Die Welt. Pour s'assurer une coopération des pays d'origine dans la maîtrise des flux migratoires, le plan propose des partenariats renforcés, en priorité avec des pays comme l'Ethiopie, le Niger, le Nigeria, le Mali, le Sénégal, mais aussi la Jordanie et le Liban. «Nous pouvons garantir aux pays qui se montrent coopératifs, en plus des aides actuelles, un soutien financier additionnel et un renforcement des relations commerciales», a avancé M. Avramopoulos. «Pour ceux qui ne respectent pas les accords, il pourrait y avoir aussi des restrictions», a-t-il prévenu, indiquant que la Commission présenterait un plan d'investissement détaillé à l'automne, inspiré du «plan Juncker». Les Européens sont disposés à mettre sur la table quelque 3 milliards d'euros du budget européen, censés déclencher des investissements complémentaires jusqu'à 62 milliards d'euros si des partenaires privés participent et que des Etats membres y contribuent de leur côté. L'objectif affiché est de s'attaquer aux «causes profondes» des migrations, en donnant aux Africains des perspectives d'avenir chez eux, via le financement de projets concrets. Il s'agit aussi d'obtenir des pays africains qu'ils luttent davantage contre les passeurs et acceptent beaucoup plus de «réadmissions» de leurs ressortissants.