Le bureau permanent du secrétariat national du Front Polisario a appelé le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies (ONU) à la mise en place d'un poste de contrôle permanent dans la région d'Alguergarat, rapporte l'APS, citant un communiqué du bureau, publié hier. Une mesure nécessaire à l'effet d'empêcher d'éventuelles violations marocaines de l'accord de cessez-le-feu, signé le 6 septembre 1991, dans l'attente de la décolonisation du Sahara occidental. Réuni samedi en session extraordinaire, le bureau a appelé à des mesures «immédiates et décisives» pour arrêter ces comportements «hostiles et irresponsables» et imposer le respect des clauses de l'accord en vigueur, signé entre le Front Polisario et le Maroc sous l'égide de l'ONU en 1991, et le retour sans plus tarder du reste de la composante civile de la Mission des Nations unies pour l'organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso) dans ses pleines fonctions. Il a aussi mis en garde contre «les conséquences qui peuvent découler de cette situation qui menace la paix et la stabilité de toute la région». La Minurso a été déployée en 1991 afin de veiller au respect du cessez-le-feu entre le Maroc et le Polisario et d'organiser un référendum. Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté le 29 avril dernier la résolution 2285 par laquelle il proroge d'un an son mandat, sans intégrer la revendication sahraouie qui consiste à élargir sa mission à la protection des droits de l'homme. Impunité Le Front Polisario a déjà dénoncé auprès de l'ONU une opération des forces de sécurité marocaines près de la Mauritanie, dans le territoire disputé du Sahara occidental. Dans une lettre adressée aux Nations unies le 11 août, le secrétaire général du mouvement indépendantiste sahraoui, Brahim Ghali, a rejeté les explications marocaines évoquant «une opération de lutte contre la contrebande». Il a fait état d'une «escalade systématique» du Maroc au Sahara occidental, un territoire que se disputent Rabat et les indépendantistes du Front Polisario depuis 40 ans. «Toute argumentation présentée par l'occupant marocain pour ces agissements demeure infondée et sera rejetée», a indiqué M. Ghali. Le Polisario a accusé les forces de sécurité marocaines d'avoir agi au-delà du «mur» de défense, une barrière de sable bâtie sur près de 2500 kilomètres par Rabat dans le Sahara pour neutraliser le Polisario. «Les forces marocaines ont mobilisé des unités militaires, en violation de la zone en question, soutenues par des unités mobiles de transport et de génie militaire, appuyées par une reconnaissance aérienne», a relevé Brahim Ghali. Selon Rabat, l'opération menée depuis dimanche par la douane et les services de sécurité marocains dans la région de Gargarate, proche de la Mauritanie, vise à «mettre fin aux activités de contrebande et de commerce illicite». Les autorités marocaines affirment notamment avoir évacué «trois points de rassemblement de carrosseries de voitures et de camions d'occasion» et saisi 600 voitures. La région de Gargarate, au sud-ouest du Sahara occidental, est traditionnellement le théâtre de nombreux trafics vers l'Ouest africain, notamment de voitures volées. En août 1979, la Mauritanie a signé un accord de paix avec le Polisario, renonçant au sud du Sahara occidental. Une aubaine pour les forces marocaines, qui n'ont pas tardé à s'y déployer. Entre 1980 et 1987, le Maroc a construit un mur militarisé qui partage en deux le territoire sahraoui. Un cessez-le-feu est signé sous l'égide de l'ONU en 1991, à la condition qu'un référendum d'autodétermination soit organisé. Rabat propose une autonomie dans le cadre de la souveraineté marocaine. Pour le Polisario, l'unique alternative pour mettre fin à ce conflit consiste à organiser un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui.