Une enquête de l'Office national des statistiques (ONS) fait ressortir les différents niveaux de salaires des Algériens dans les deux secteurs, public et privé. Au-delà de ces niveaux de revenus, il y a lieu de souligner toute la difficulté des ménages à faire face à une crise synonyme d'une augmentation des prix généralisée et de la dépréciation du dinar. Comparativement à l'année 2014, les salariés algériens ont été mieux rémunérés en 2015. C'est, du moins, le résultat d'une enquête menée par l'Office national des statistiques (ONS) sur le salaire net moyen mensuel que perçoivent les salariés de 581 entreprises publiques et de 252 entreprises privées. D'après les résultats de cette enquête, le salaire net mensuel moyen des travailleurs algériens est évalué à 39 200 DA en 2015, enregistrant un taux d'évolution de 3,8% par rapport à l'année précédente. Sur ce chiffre, le secteur public prend le dessus en offrant en moyenne un salaire de 54 700 DA à ses salariés contre 32 100 DA seulement chez le privé.
Selon l'étude annuelle de l'ons, les secteurs des hydrocarbures et des finances offrent les meilleurs salaires en Algérie, dont les revenus mensuels nets sont respectivement de 100 500 DA/mois et 59 200 DA/mois. Dans une tentative d'expliquer cette bonne rémunération par rapport aux autres secteurs, l'ONS évoque le fait que ces deux secteurs emploient majoritairement des diplômés et bénéficient, grâce à leur système de rémunération spécifique, d'une meilleure liberté de salaire. Au bas de l'échelle, on trouve, comme attendu, le secteur de la construction qui n'offre que 29 900 DA de salaire. Même si l'ONS explique ce bas revenu par le fait que ce secteur n'emploie que des agent d'exécution, il fait tout de même, à titre comparatif, état du grand écart entre le salaire que touchent les agents exécutifs dans les différents secteurs. S'il est de 68 700 DA pour un simple agent d'exécution dans le secteur des hydrocarbures, il ne dépasse pas les 23 400 DA pour ceux du secteur de la santé, soit quelque 5000 DA de plus seulement sur le SNMG. Dans le privé, le secteur des finances place la barre très haut en offrant à ses salariés 73 200 DA par mois contre seulement 25 700 DA et 27 500 DA pour respectivement le secteur des mines et carrières et celui de l'immobilier et services. Il est à signaler que cette enquête ne concerne nullement les administrations et le secteur de l'agriculture. L'intégration de ces deux secteurs aurait certainement fait basculer la donne, étant donné que sont exclus de cette étude les secteurs qui octroient le salaire parmi les plus bas, à savoir l'agriculture, aux revenus instables et la Fonction publique, qui connaît toujours des mouvements de protestation motivés par la baisse des salaires. Une question se pose : être mieux payé est-ce synonyme de vivre mieux ? La réponse est majoritairement négative. Pour Rachid Malaoui, président du Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap), les Algériens n'ont pas encore atteint le salaire qui leur permettrait de vivre dans les normes de la décence. Ils sont encore nettement plus loin de la vie de luxe. «D'après notre étude annuelle sur le pouvoir d'achat de 2015, il faudrait au moins 60 000 DA de salaire mensuel net pour faire survivre une famille de 5 personnes. Survivre veut dire que sont exclues du quotidien de cette famille toutes les possibilités d'aller vers des achats de moindre nécessité ou de plaisir, à savoir les bonbons ou jouets pour les enfants, et n'avoir droit qu'à un seul et unique kilo de viande par mois. Sur ce salaire considéré comme le minimum vital pour une famille ordinaire, sont également exclues les idées d'économies ou de vacances», explique notre interlocuteur. D'après ses prévisions, issues de la conjoncture économique actuelle et des différentes déclarations officielles, notamment celle du Premier ministre, qui annonce une année 2017 difficile, le pouvoir d'achat des familles algériennes n'est pas sorti de l'auberge. Avec la hausse de la TVA, qui signifie la hausse des prix de tous les produits, ainsi que l'hypothèse de révision du taux de l'IRG, ultime solution devant l'Etat, les temps ne seront pas seulement durs mais catastrophiques pour les années à venir. A en croire ces propos, l'Algérie est sur une véritable poudrière.