En organisant le Forum africain d'investissement et d'affaires, tenu les 3 et 4 décembre derniers, l'Algérie a pris une option pour revoir sa stratégie économique, en se tournant vers l'Afrique. Un continent dont les importants enjeux de ses débouchés commerciaux ont été négligés, ou du moins sous-estimés depuis plusieurs années. Le continent noir était pourtant très présent tout au long de l'histoire contemporaine de l'Algérie. Durant les années 1960-1970, l'Afrique figurait en bonne place dans le catalogue philatélique algérien. La première manifestation a été marquée par l'émission, le 25/5/1964 d'un timbre emblématique réalisé par Choukri Mesli pour commémorer la journée de l'Afrique. Un événement qui rappelle la création le 25 mai 1963 par 32 Etats, de l'Organisation de l'unité africaine (OUA). Une figurine aux couleurs marron, bleu, ocre et jaune représentant le continent, avec en arrière-plan des drapeaux flottant aux lueurs de l'aube en signe de liberté. Sur sa lancée, la Poste algérienne émettra neuf timbres sur le même sujet entre 1969 et 1978. Une belle époque, où l'Algérie était la Mecque des mouvements de libération dans le monde. Mais l'événement qui marquera pour longtemps la mémoire des Algériens demeure le 1er Festival panafricain. Le plus grand événement culturel continental, qui a vu l'émission, le 19/7/1969 d'un beau timbre commémoratif, œuvre de M'hamed Issiakhem. Après la parution le 26/5/1973 d'un timbre dessiné par Bachir Yelles, célébrant le 10e anniversaire de l'OUA, la Poste s'est lancée dans une série de timbres consacrés à la solidarité avec les pays africains luttant pour leur liberté. Une première figurine sera émise le 23/3/1974, en solidarité avec le peuple d'Afrique du Sud, en pleine lutte contre le régime de l'Apartheid. Deux ans plus tard, deux timbres seront émis en hommage respectivement au peuple d'Angola, sur dessin d'Issiakhem, et à celui du Sahara occidental, d'après une œuvre d'Ismaïl Samsom. L'année 1976 sera celle d'un grand événement économique. Il s'agit de la 2e Foire commerciale panafricaine organisée à Alger, qui sera le sujet d'un timbre réalisé par M.Adane, émis le 1/10/1976. La série de solidarité avec les peuples reprendra avec deux œuvres du grand artiste-peintre Ali Khodja, émises le 10/3/1977 et consacrées au Zimbabwe et à La Namibie. L'Afrique sera également présente sur les timbres algériens grâce aux Jeux africains organisés à Alger en 1978 et qui ont vu la parution de deux belles séries signées de M.Aziz. On ne peut évoquer l'attachement de l'Algérie à sa dimension africaine sans parler du projet de la Transsaharienne, dénomination qui a remplacé celle qui était plus en vogue à l'époque, où l'on parlait fièrement de «La route de l'unité africaine». Les philatélistes algériens se rappellent encore de ce beau timbre dessiné par Sid Ahmed Bentounès et émis le 1/11/1978, où l'on voit des engins et des jeunes du service national défiant le désert pour tracer cette longue ligne bitumineuse. Après des années bien étoffées, l'Afrique sera absente sur le catalogue philatélique algérien durant neuf ans, pour réapparaître à l'occasion des commémorations de la Journée africaine des télécommunications en 1987, de la lutte contre l'Apartheid en 1988, de la Banque africaine du développement en 1989, de l'Union panafricaine des postes en 1990 et de la victoire du peuple namibien en 1994. Les timbres algériens porteront encore les événements phares des 25 dernières années, à l'instar de la 17e Coupe d'Afrique des nations de football, organisée par l'Algérie en 1990, le sommet de l'OUA d'Alger en juin 1999, les 9es Jeux africains de 2007 et enfin le phénoménal 2e Festival culturel panafricain de 2009, qui a rappelé l'ambiance ensorceleuse de la mémorable édition de 1969. Une belle saga qui raconte une histoire riche en événements.