La pathologie prostatique constitue une préoccupation des urologues algériens. Une affection encore sous-estimée alors qu'elle est parmi les premiers cas de cancer en Algérie. Elle est tardivement diagnostiquée, ce qui rend sa prise en charge très complexe. Les dernières données du registre national du cancer, présentées en octobre par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, font état d'une incidence de 8,2 pour 100 000 habitants, soit 1620 cas enregistrés en 2015. Un chiffre appelé à augmenter dans les prochaines années, selon les épidémiologistes, qui prévoient une incidence de 2032 cas en 2020 et 2061 cas en 2025. L'Association algérienne d'urologuie (AAU) a appelé, vendredi, en marge des travaux du 5e congrès de la Fédération des associations et sociétés d'urologie de langue française (Fasulf) du 12e Congrès national d'urologie. Une rencontre hautement importante pour la communauté d'urologues algériens, qui a réussi à faire de cet événement une grande réussite en organisant le Fasulf en Algérie, grâce à une équipe d'urologues dynamiques et soucieux de la prise en charge de leurs patients. «Cette rencontre scientifique est une opportunité pour échanger nos expériences entre les pays du Maghreb et d'Europe, notamment la France. Une concertation entre les experts des deux rives afin d'améliorer la pratique en urologie», souligne le Dr Abdelkader Belaïdi, président de l'AAU, qui regroupe les secteurs privé et public. Il est, ainsi, revenu sur l'importance du dépistage précoce du cancer de la prostate à partir de l'âge de 50 ans, ce qui permettra d'assurer une prise en charge précoce de la maladie et éviter les complications. Ce qui implique, a-t-il indiqué, le médecin généraliste, qui doit être justement formé pour un diagnostic précoce. L'Association algérienne d'urologie préconise, d'après le Dr Hachi, membre de l'AAU, le dépistage systématique chez les hommes âgés de 50 à 70 ans. «Cette catégorie de personnes doit consulter systématiquement un médecin. Le toucher rectal est le meilleur geste qui pourrait détecter si anomalie il y a, avec bien sûr le dosage des PSA», explique le Dr Hachi, en affirmant qu' «on peut guérir d'un cancer de la prostate diagnostiqué tôt». Il rappelle que la chirurgie est le traitement préconisé dans la prise en charge du cancer, pour empêcher la maladie de sortir de la prostate. «Un homme opéré de la prostate a la même espérance de vie que celui qui n'a pas eu ce cancer», a-t-il précisé, et de rappeler que «des traitements par radiothérapie et médicamenteux sont également dispensés». Il a insisté sur la nécessité d'informer les patients pour consulter le médecin, car ces derniers arrivent souvent à des stades tardifs, a souligné le Dr Belaïdi, qui a déploré que «les malades ne bénéficient pas de certains gestes nécessaires, tels que le toucher rectal, essentiel dans le diagnostic du cancer de la prostate, en citant l'exemple donné lors de ce congrès d'un cas dans une région du pays, où la majorité du personnel de santé est de sexe féminine. Les malades ne sont donc pas examinés convenablement». Et d'annoncer que l'Association lance une étude nationale sur la propagation du cancer de la prostate afin d'avoir des chiffres exacts et d'améliorer la prise en charge de cette maladie. Pour le professeur Vincent Delmas, urologue français, le cancer de la prostate représentait la moitié des examens des urologues à travers le monde. Il signale que «65 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année, et grâce au dépistage systématique on a pu réduire de 26% la mortalité en France», d'où l'intérêt du dépistage systématique. Il recommande, ainsi, de consulter aux premiers signes, en l'occurrence le réveil nocturne fréquent pour uriner et devant la difficulté d'uriner. Par ailleurs, d'autres thèmes, en l'occurrence les infections urinaires, l'hypertrophie bénigne de la prostate, l'incontinence urinaire, l'hyperfertilité du couple et la sexologie ont été débattus lors de cette rencontre de deux jours.