Jean-Paul Gaultier a célébré cette saison30 ans de création qui ont fait de lui une icône de la haute couture. Bousculant les conventions, s'affranchissant des codes, Gaultier ne laisse pas indifférent. Fondateur de Jean-Paul Gaultier SA dont il est directeur général, le couturier multiplie les activités : lignes de prêt-à-porter, parfums, pour être aujourd'hui à la tête d'un petit empire de la mode. Très jeune, Paris et ses boutiques l'attirent et lui donnent envie de monter à la conquête de la capitale. « Je devais avoir 14 ans, c'était donc en 1966 et j'avais été stupéfait de voir dans cette boutique un jean déjà vieilli. J'ai trouvé ça très bien. Je me suis dit : tiens, ce serait malin d'ouvrir une boutique où il n'y ait que ça », évoque-t-il . Grâce à une voisine qui a vu ses croquis et travaille au Petit Echo de la mode, on lui propose à 15 ans de dessiner pour une collection « enfant ». De fil en aiguille, le jour de ses 18 ans, le 24 avril 1970, Pierre Cardin l'appelle et lui demande de travailler chez lui. A 20 ans, il entre chez Jean Patou puis Michel Gomez et Angelo Tarlazzi avant de revenir chez son premier employeur à Manille pour dessiner les modèles destinés aux Etats-Unis. C'est au Philippine qu'il rencontre Francis Menuge avec qui il s'installe de retour à Paris en 1974 et qu'il présente son premier défilé en octobre 1976. Ce premier défilé d'ailleurs il y revient avec beaucoup d'humour. « C'est bien simple, il n'y avait personne, sauf quelques grenouilles de cocktail et ceux qui n'avaient pas pu aller chez Emmanuelle Kahn, la grande star du moment ! » « Mon premier défilé était un ratage total. La musique commençait, et je ne savais pas quoi mettre aux mannequins. Au moins, on s'est jeté à l'eau. En dépit du bon sens, avec tout et n'importe quoi, des sets de table en paille qui devenaient des boléros, un Perfecto sur un tutu porté avec des baskets », se souvient Jean Paul Gaultier. « Il a la foi, un certain talent et beaucoup de courage », écriront les rares journalistes qui assistent à l'événement. En 1978, après sa collection Grease, il est prêt à jeter l'éponge, faute d'argent. Une bonne fée, Dominique Emschwiller, aujourd'hui sa proche collaboratrice, le choisit pour dessiner la ligne du groupe japonais Kashiyama. Jean-Paul Gaultier mélange les genres, les époques, pratique le détournement et le métissage, cherche avant tout à sortir des clichés vestimentaires. En 2003, Jean-Paul Gaultier lance une ligne de soins et de cosmétiques pour hommes. La même année, il est nommé directeur des collections femme d'Hermès, temple de l'élégance luxueuse et classique dont il s'emploie à renouveler les codes. R. M.