A quelques mois de la prochaine élection de la Fédération algérienne de boxe, son premier responsable, Nabil Sadi, fait le point. Il aborde plusieurs sujets ayant trait à la discipline du noble art. Maintenant que la page des Jeux olympiques est tournée, l'Algérie se projette déjà dans les prochaines échéances de 2017, où elle aura plusieurs rendez-vous importants au menu. «Il y a plusieurs échéances qui attendent la boxe algérienne, à commencer par les Jeux islamiques à Bakou (Azerbaïdjan) du 12 au 22 mai, mais aussi les Championnats d'Afrique et du monde. A Bakou, ce sera la première fois que la boxe sera intégrée dans ces Jeux. La délégation algérienne s'y rendra avec dix athlètes seniors. Toutefois on devra attendre l'accord de l'AIBA pour la participation de nos boxeurs de l'APB, Flissi, Chadi, Benchebla et Bouloudinet. La compétition va certainement être très relevée avec la présence notamment des pays comme l'Azerbaïdjan et Kazakhstan», a déclaré le président de la Fédération algérienne de boxe, Nabil Sadi. L'Algérie candidate Juste après cette compétition, il y aura les Championnats d'Afrique de boxe au mois de juillet. A cet effet, notre interlocuteur a annoncé : «Nous comptons organiser cette compétition ici, en Algérie. Les premières démarches ont déjà été entreprises auprès de ministère de la Jeunesse et des Sports, qui nous a donné son accord pour l'organisation des Championnats d'Afrique de boxe. Cette compétition sera très importante, surtout qu'elle sera qualificative aux Championnats du monde, prévus du 25 août au 3 septembre 2017 à Hambourg, en Allemagne.» Concernant la préparation de l'équipe senior, le responsable de la boxe algérienne a confirmé qu'une présélection a déjà eu lieu. «On a fait appel à de jeunes espoirs dans le but de renforcer la sélection. Il faut savoir qu'il y a des catégories de poids où nous n'avons pas de titulaire. On va donc essayer de réactiver les catégories des 49 kg, 56 kg, 69 kg, 75 kg et +de 91 kg. C'est maintenant qu'il faut lancer des jeunes et leur donner la possibilité de s'affirmer sur le plan international dans la perspective des Jeux olympiques de 2020», précise M. Sadi. Afin de mettre la sélection algérienne dans les meilleures conditions possibles, la direction technique nationale, en concertation avec les staffs, a décidé de programmer la phase finale du Championnat national début janvier prochain. «Ainsi, la sélection nationale senior, avec l'ensemble des boxeurs titulaires, pourra se concentrer pleinement sur les échéances futures», affirme M. Sadi. Ambitions légitimes Revenant sur la participation algérienne de boxe aux Jeux olympiques de Rio en 2016, M. Sadi a précisé que le programme de sélection nationale avait été respecté. «Certains affirment que la préparation effectuée aux Etats-Unis n'était pas à la hauteur. Pourtant, à leur arrivée à Rio les boxeurs, eux-mêmes, avaient déclaré qu'ils étaient satisfaits de leur préparation. Maintenant, pour les sparring-partners que les boxeurs n'ont pas trouvés en Amérique, l'explication est simple : ce stage se déroulait à moins d'un mois des JO. A cette période, vous ne trouverez jamais de sparring-partners libres prêts à prendre le risque de compromettre leur participation aux JO. Il faut savoir par exemple qu'en cas de KO, lors d'un combat, le boxeur doit observer un repos d'un mois. Donc personne ne veut prendre de tels risques», explique-t-il. Pour ce qui est de la compétition, Nabil Sadi a reconnu que la FAB avait pronostiqué de décrocher une ou deux médailles à Rio par rapport aux qualités des boxeurs : «Flissi était classé troisième mondial dans sa catégorie. Benbaziz a donné entière satisfaction en battant les meilleurs de sa catégorie avant la compétition. Ceci, en plus de l'expérience cumulée par des boxeurs comme Chadi, Benchebla et Bouloudinet. Il était donc légitime de se montrer ambitieux avant le début de cette importante compétition des Jeux olympiques.» 36 Abritres des JO suspendus L'Algérie devra encore attendre pour décrocher une nouvelle médaille en boxe après celle remportée par Mohamed Alalou à Sydney en 2000. Même s'il avoue ne pas vouloir parler de l'arbitrage, le président de la FAB a quand même fait son constat : «Les 36 arbitres ayant officié lors des JO sont aujourd'hui tous suspendus. Onze arbitres parmi les meilleurs de l'AIBA ont été sanctionnés lors des Jeux et ils n'ont pas terminé la compétition. Les autres ont été suspendus à la fin du tournoi et suite à l'enquête menée par l'AIBA. Le combat de Flissi est une parfaite illustration d'un arbitrage vicieux. Je reconnais qu'il avait bien perdu le second et le troisième rounds, mais lors du premier, il avait largement dominé son vis-à-vis. Cela n'a pas empêché les arbitres de donner un 3-0 au Vénézuelien. A partir de cet instant, Flissi est complètement sorti de son combat. Chadi avait largement dominé le Brésilien, vidéo à l'appui, mais à la fin il a été déclaré perdant», déplore-t-il. Revenant sur le parcours de Benbaziz, notre interlocuteur explique sa défaite aux portes de la demi-finale : «A mon sens, Benbaziz semblait ne pas avoir été remis de l'intensité de son combat face au favori russe, qu'il avait battu au tour précédent. Il s'était beaucoup dépensé et n'avait pas bien récupéré.» Nabil Sadi n'a pas manqué de saluer le courage dont a fait preuve Benchebla qui, malgré une côte fracturée au premier round face à l'Anglais Buatsi Joshua, a tenu à terminer le combat en cachant même sa blessure à ses entraîneurs. Prise en charge Si le premier boss de la boxe algérienne n'a aucun doute sur la qualité des boxeurs algériens, il a admis qu'il faudra une prise en charge sur le plan psychologique. Sur le chapitre socioprofessionnel, M. Sadi précise : «Le ministre de la Jeunesse et des Sports, El Hadi Ould Ali, s'est impliqué personnellement dans ce dossier et je l'en remercie vivement. Il veut régler ce problème de manière définitive. La semaine dernière, on en a discuté. A cet effet, les athlètes de catégorie A seront directement assimilés en tant qu'éducateurs sportifs. Les boxeurs de catégorie B devront suivre une formation accélérée de six mois afin d'intégrer le corps des éducateurs.» Le président de la FAB a, d'un autre côté, informé que le staff technique en a débattu au niveau du bureau fédéral, avant d'ajouter : «Il fallait être lucide on ne pouvait nommer un nouveau staff, alors qu'on est en fin de mandat. C'est pour cette raison qu'on a jugé qu'il fallait reprendre la préparation avec l'actuel DEN, Brahim Bedjaoui, qui chapeaute la sélection en compagnie du coach Bahous Marchoud. Ahmed Dine devrait également renforcer ce staff. Pour l'heure, seule la bonne préparation de la sélection nationale compte.» Pour sa part, Mourad Meziane est bel et bien à son poste de directeur technique national. WSB, une compétition importante C'est la mort dans l'âme que M. Sadi parle de la World Serie Boxing (WSB) : «Cette compétition était très bénéfique pour la boxe algérienne. Nos pugilistes, en plus de leur prise en charge sur le plan financier, avaient rencontré les meilleurs boxeurs du monde, à l'image des Cubains. Mais face au manque de financement, on a dû renoncer à cette expérience. Il faut savoir qu'il faut mettre 4 à 5 milliards de centimes pour pouvoir gérer une franchise d'une saison. C'est au-dessus des moyens de la Fédération. Si c'est beaucoup d'argent pour nous en tant que Fédération, ce n'est rien pour un pays comme l'Algérie ou des sponsors, surtout lorsqu'on sait que cela permet de préparer tous les éléments de la sélection nationale. A ce jour, on n'a pas eu le moindre écho de la part des sponsors pour cette importante compétition qui est suivie dans plus de 80 pays. La WSB est une bonne expérience pour les athlètes, la boxe et aussi le public.» Le président de la FAB n'a pas omis d'évoquer les autres sélections, notamment les juniors, qui sont passés à côté lors des derniers Championnats du monde. «Nous avons de bons éléments, mais le problème restera toujours ainsi. Les parents disent toujours OK pour le sport, mais les études passent avant. Donc on est obligés de travailler avec les sélections junior et cadette uniquement en période de vacances. Et pour préparer une équipe pour une échéance mondiale, ce n'est jamais suffisant. Pour les filles, on vient tout juste d'apprendre que le Championnat du monde junior se déroulera au mois de novembre prochain. D'ici là, l'équipe va effectuer des stages et participer à des compétitions et des tournois, en plus du Championnat d'Afrique juniors.» JO-2020 en ligne de mire «Si l'on veut décrocher des médailles en 2020, il faut commencer à investir aujourd'hui et ne pas attendre la dernière année pour le faire.» C'est le message que tente de faire passer le président de la FAB. Par ailleurs, notre interlocuteur a insisté pour qu'on renoue avec l'expérience de la WSB avec l'aide de l'Etat ou des sponsors. Il faut, selon lui, aider cette discipline à la base. «Le ministère doit demander aux DJS de classer les disciplines et de les aider selon leur rendement et leur statut au niveau national. Car aujourd'hui, il y a une véritable déperdition de talents. Des pôles de la boxe comme les villes d'Oran, Bel Abbès, Relizane ont cessé de l'être», déplore- t-il. Nabil Sadi n'a pas encore tranché sur son avenir à la tête de la Fédération algérienne de boxe ; il prendra sa décision après la remise de son bilan à l'assemblée générale.