Première du genre, une rencontre internationale de deux jours sur la médecine d'urgence se tient depuis hier au bloc pédagogique de l'EHU d'Oran. Des spécialistes exerçant dans des établissements hospitaliers locaux et étrangers (principalement français) participent à cette manifestation, qui compte plusieurs sessions de conférences, des présentations sous forme de posters et des ateliers pratiques pour permettre au personnel impliqué dans les urgences d'acquérir un maximum de connaissances. Les aspects organisationnels nécessaires pour le bon fonctionnement des services d'urgence sont également pris en considération. La problématique des urgences se pose de manière générale, mais cette rencontre vient, en quelque sorte, appuyer l'initiative du SMUR, une nouveauté en Algérie lancée à Oran par l'EHU et qui vient juste de commencer (le 5 janvier) à intervenir sur le terrain. «Lorsque nous recevons un appel pour une urgence, nous n'allons pas chez le malade pour le ramener à l'hôpital, mais pour intervenir sur place», explique le Dr Badsi, mettant en avant le gain de temps que permet la notion du «pré-hospitalier», jusque-là inexistant chez nous. Le service dispose d'une ambulance médicalisée et en attend deux autres mais, ajoute la neurologue, «ce qui fait la différence, c'est la formation du personnel». Depuis le lancement du projet, en septembre dernier, à l'initiative du directeur général de cet établissement qui a bénéficié du soutien de sa hiérarchie et de sa tutelle, des médecins ont été formés sur tous les aspects, y compris la coordination, ce qui a abouti au recrutement de 16 urgentistes formés dans plusieurs spécialités : neurovasculaire, réanimation, cardiologie, etc. La formation concerne également les paramédicaux et les ambulanciers. C'est l'expérience du SMUR parisien qui a été adaptée au contexte local et toute une équipe de ce service, qui a fait ses preuves, qui s'est déplacée à Oran pour assurer les formations nécessaires. En plus d'une série de stages pratiques, des séances de simulation ont été organisées, car il s'agit aussi de coordonner avec l'hôpital la prise en charge optimale après l'intervention en amont. Les urgentistes du SMUR doivent par exemple être capables de traiter sur place un arrêt cardiaque et donc intuber, déchoquer une hémorragie digestive ou prendre en charge très rapidement un AVC en assurant le conditionnement et la communication avec le service. «Il faut intervenir en amont au lieu d'essayer de ramener le malade à l'hôpital pour ensuite, en désespoir de cause, constater son décès», conclut le Dr Badsi, qui espère par ailleurs que la spécialité «urgentiste» demandée par les médecins soit prise en considération par le ministère de tutelle en instaurant un DEMS (examen de spécialité). C'est l'autre objectif de ces journées. De manière générale, «il faut que les urgences soient performantes et fonctionnent en continu», a estimé le professeur Boubekeur Mohamed, chef de service chirurgie à l'EHU, qui rappelle que l'intérêt accordé aux urgences répond à un souci exprimé à Oran autant par les citoyens que par les responsables du secteur, car l'hôpital de la ville accueille au-delà des limites de la wilaya. Il indique que le fonds des urgences dégagé grâce à une volonté présidentielle est une aubaine pour l'acquisition d'équipements mais aussi pour une meilleure prise en charge des malades en renforçant la chaîne de formation. «Nous avons le SMUR mais aussi le Samu et la Protection civile, mais toutes ces instances doivent coordonner leurs actions», estime-t-il. La coordination est enclenchée, mais les résultats concrets ne seront pas visibles tout de suite. Rendez-vous est donné dans deux mois pour évaluer cette nouvelle expérience.