Alors que la Coupe d'Afrique des nations de football se déroule actuellement au Gabon, le racisme anti-Noir s'exprime sur un autre terrain : les réseaux sociaux. Des supporters, notamment du Maroc et d'Algérie, ont lancé de nombreuses insultes racistes sur Facebook et Twitter surtout après leurs contre-performances au premier match face au Zimbabwe pour l'Algérie (2-2) et à la République démocratique du Congo pour la Maroc (0-1). Des attitudes largement dénoncées par plusieurs médias en ligne. «Les joueurs du Zimbabwe recevront leur prime de match en ticket resto», n'a pas hésité à écrire un internaute. D'autres les qualifient de «singes». «Ils sont en train de perdre contre une équipe dont la moitié des joueurs sont séropositifs», provoque un autre internaute. La CAN est censée réunir les nations africaines autour d'un challenge : être champion dans la sportivité, mais Twitter a été un moyen pour certains jeunes d'exprimer un racisme incompréhensible. Des analystes qualifient ce phénomène de «négrophobe». Simple épiphénomène ou mal sociologique très profond ? Il faut dire que ce n'est pas la première fois qu'on assiste à ce déferlement de violence verbale, particulièrement lors de confrontations footballistiques. Les mots utilisés sont virulents. Les comportements hostiles deviennent plus visibles lors des crises. L'exemple le plus édifiant a été la crise diplomatique entre l'Algérie et l'Egypte suite au match de qualification à la Coupe du monde. «Le fait est que les Algériens ont une attitude hostile, au point que certains comportements sont à la limite du racisme : les Chinois sont des mangeurs de chats, les Egyptiens sont des amateurs de fèves, les Marocains sont adeptes de la sorcellerie, etc. Ils adoptent ainsi un comportement distancié en collant des étiquettes», a observé Hocine Abdellaoui, sociologue, lors d'une enquête publiée par El Watan il y a quelques années. L'hostilité est devenue palpable ces dernières années car les jeunes n'ont plus peur de dire tout haut ce qu'ils pensent ; ceux des anciennes générations refoulaient leur violence, les jeunes d'aujourd'hui l'affichent sans crainte. D'autres experts en réseaux sociaux ont une autre explication : il s'agit d'un simple plaisir de provocation et probablement que nombre d'internautes le font parce que les réseaux sociaux sont propices à l'anonymat. Avant, on réfléchissait avant de parler mais aujourd'hui on se sent tellement protégé et intouchable derrière son écran que l'on n'a plus vraiment conscience de ce que l'on dit et des réactions que cela peut provoquer. Pour certaines personnes, l'insulte peut être vécue comme un exutoire. Ces réactions hostiles posent deux problèmes : le premier, c'est que ces commentaires postés sur internet ou les réseaux sociaux font boule de neige, alimentent un débat, créent un engrenage et deviennent impossibles à maîtriser ; le second, c'est que ce phénomène ne se limite pas seulement à un ensemble de réactions formulées sous le coup de l'émotion. Le caractère instantané de la transmission peut également expliquer l'absence de recul critique par rapport à un écrit.