Le rêve du «Smart home» de LG semble plus que jamais près de s'exporter au Maghreb, où le groupe coréen compte bien gagner plus de parts de marché. De hauts immeubles en verre totalement lancés vers un ciel bleu azur côtoient allègrement une végétation omniprésente. Séoul est une ville ayant fière allure en ce mois d'avril, avec ses multiples jardins fleuris et ses arbres au feuillage d'un vert éclatant qui bordent ruelles et larges boulevards de la ville. Le soin accordé aux aménagements des espaces verts y est jusque dans les moindres coins des quartiers des multiples cités et se perçoit comme un hymne à la Nature face à la conquête du béton. Peut-être à cause de sa modeste étendue géographique de 200 000 m2 seulement, elle semble préférer ainsi évoluer en hauteur. Vue du ciel, cette oligopole paraît être à l'étroit ou même pressée sous l'étreinte serrée du massifs montagneux. Pourtant, elle abrite pas moins de 10 millions d'habitants sur les 48 millions que compte la péninsule. Hormis les heures de sortie du travail, pas de signe d'une intense activité humaine ni de trafic automobile occasionnant les interminables bouchons. La capitale sud-coréenne semble bien profiter pour ainsi dire toute la journée de cette réputation non surfaite de Pays de matin calme. Avec ses larges boulevards à l'américaine, ses nombreux ponts qui enjambent le grand fleuve Hangang traversant la ville de Séoul, il y a peu de place au stress urbain. Rien non plus de cette tension supposée qu'aurait pu faire jaillir la polémique internationale autour de son voisin du Nord. Les récents avertissements des américains à l'adresse de l'imprévisible régime de Pyongpyong semblent ne pas agacer outre mesure les habitants de Séoul. «On ne fait pas très attention ici, et puis il n'y a pas de quoi vraiment s'inquiéter. Il y a une espèce de surenchère médiatique comme d'habitude», commente une Coréenne, la trentaine, qui visiblement suit l'actualité, même si elle ne semble pas prendre très au sérieux cette affaire. Cette semaine, les Américains ont en effet longuement communiqué sur les risques de l'éclatement d'une crise dans la région et, fait inédit, ils ont même créé la surprise en demandant à leur partenaire politique sud-coréen de ne plus compter sur eux pour financer l'installation d'un bouclier antimissile nucléaire. La Corée du sud a signifié à Donald Trump que c'est aux Etats-Unis de payer le bouclier antimissile américain à 1 milliard de dollars que les deux alliés ont installé cette semaine pour contrer les menaces de la Corée du Nord. Sinon, l'ambiance actuellement est rythmée par l'importance de l'élection présidentielle qui doit avoir lieu début mai. La manière dont l'ex-Présidente a été chassée du pouvoir en raison de la tonitruante affaire de corruption qui l'a éclaboussée et conduite devant la justice qui l'a condamnée rend le scrutin plus sensationnel. Le même modèle d'usine qu'en Algérie ? A une heure de vol de la capitale, la ville de Busan est la deuxième plus importante de la Corée du Sud. Une des destinations touristiques par excellence, ses plages ont la cote. La visiter, c'est contempler ses sites historiques, ses grands hôtels luxueux et son pont à double voie superposée qui relie la plage la plus célèbre du pays. La ville est ultramoderne. Le grand groupe LG y a installé un de ses sites de production des machines à laver qui tourne à plein régime. Le groupe compte 11 usines dans le monde et une autre en construction aux Etat-unis. Robotisée, elle fabrique quelque 300 000 unités par mois. A peu près une machine à laver sort de cette chaîne de montage toutes les 18 minutes. Le personnel qui participe à hauteur de 80% à la fabrication du produit travaille d'arrache-pied, tandis que les 20 restants sont du ressort de la robotisation. Le responsable de l'usine affirme que les employés travaillent une dizaine d'heures par jour. L'unité de production fabrique aussi les «twin wash» lancées en 2015, un produit récent vanté par la marque pour ses performances technologiques. Est-ce qu'il s'agit du même modèle d'usine que le coréen a décidé de mettre en place en Algérie ? La question mérite le détour, même si personne pour l'instant ne semble vouloir communiquer davantage sur le sujet. Ce qui est sûr, c'est que LG Electronics va se lancer à partir du mois de juin dans la production de machines à laver en Algérie avec la société Vision, son partenaire local. Ce dernier est le patron de la société stream qui fait le montage des téléviseurs. A ce titre, il est déjà client de LG qui l'a approvisionné en écrans télé. Si le haut responsable de ce groupe, rencontré au niveau de leur siège à Séoul lors d'une visite de quelques jours organisée la dernière semaine du mois d'avril au profit de la presse algérienne et marocaine, a accepté de répondre à certaines questions sur le sujet, il n'en demeure pas moins que l'aspect strictement économique du projet reste encore un peu opaque. On ne saura rien par exemple sur le montant du projet, ni sur ses caractéristiques. Par contre, la marque Life's Good compte s'adapter à la structure du marché dont elle perçoit déjà une rude concurrence avec certains acteurs qui semblent s'être adjugés une part de plus en plus importante. «On ne peut pas fabriquer le même produit qu'en Corée du Sud. L'Algérie préfère le moyen de gamme, c'est-à-dire les produits ordinaires. Du moins, pour l'instant», explique le vice président. Ce dernier assure que le contrat signé avec l'Algérie porte sur la fabrication de machines à laver pour le marché domestique, le volet des exportations n'étant pas concerné pour l'instant. Le responsable coréen affirme que la production est destinée au consommateur algérien et laisse envisager que la deuxième étape pourrait concerner la production de réfrigérateurs, même s'il consent que ce projet demanderait plus d'investissements. «Pour l'instant, il n'est pas dans le calendrier, mais c'est notre stratégie en Algérie. Condor est le premier sur le marché algérien. Nous allons lancer une production qui va concurrencer Condor. Je crois, d'après nos études, que nous avons encore une petite chance», a-t-il révélé. Mettre les bouchées double Le responsable de la région MENA reconnaît devant les journalistes au siège des Twin Towers à Seoul que son groupe a connu des difficultés en Afrique du Nord après le Printemps arabe : «Nous avons connu des difficultés jusqu'à l'année dernière. Depuis, nous reprenons bien. Les Japonais ont perdu leurs parts et ils ont été remplacés par les Coréens.» Ce qu'il y a lieu de retenir, c'est que les Coréens semblent ainsi bien affûter leurs armes. Car outre le marché de l'Afrique du Nord où ils commencent à reconquérir leurs parts de marché voire les augmenter, ailleurs, sur les marchés émergents, LG compte carrément mener la bataille sur ce qu'il appelle «les produits vedettes». Mais, le vecteur sur lequel il mise à présent, c'est le numérique. Le «rêve du Smart home» semble plus que jamais être en marche. «Nous allons mettre en œuvre les opérations Data, même avec les équipements qui ne sont pas LG», a souligné le vice-président du groupe. Un autre responsable du groupe chargé du produit de la machine à laver explique que les prix vont baisser avec le lancement de l'usine de montage en Algérie. Même s'il affirme que le gouvernement algérien accuse un léger retard en ce qui concerne la licence CKD-SKD. Le responsable du produit machine et responsable pays Algérie déclare, pour sa part, que LG «va produire la ‘‘twin wash'' (le tout-nouveau modèle, ndlr) ainsi que d'autres produits standard». En somme, les Coréens sont décidés à mettre les bouchées doubles pour la transition numérique. Il s'agit en fait de tabler sur la transformation des appareils non smart en appareils smart à partir de cette année 2017. Les appareils électroménagers smart seront ainsi généralisés dès cette année. «Nous ambitionnons d'arriver à un niveau de 31% en 2020», déclare le responsable du segment smart et solutions business au sein du groupe. «Le but, a-t-il expliqué, c'est que les appareils comprennent les intentions du consommateur. Ils seront équipés du wifi et à reconnaissance vocale. Pour une machine à laver non smart, on y incorporera un capteur et on aura ainsi une smart machine. Les équipements pourront être gérés à distance à travers une application.»