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Mohamed Djouhri. Un acteur comme Hollywood n'en a pas eu
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Publié dans El Watan le 12 - 05 - 2017

Il joue le rôle d'un riche promoteur immobilier (premier rôle) dans le long métrage En attendant les hirondelles, du jeune réalisateur, Karim Moussaoui, retenu dans la sélection «Un certain regard» du 70e Festival de Cannes. Mohamed Djouhri, ou Joe, comme l'appellent ses amis artistes, nous livre ici son histoire qui risque d'étonner plus d'un.
Enfant prodige d'El Harrach anciennement Maison-Carrée, Mohamed Djouhri, 67 ans, est issu d'une famille de boxeurs et pas n'importe laquelle, puisqu'on parle ici de la famille des sept frères Jury (les sept frères boxeurs de Maison-Carrée). Jury n'est en réalité qu'une prononciation anglophone de Djouhri. Elle a été attribuée à cette dernière depuis que le cadet des sept frères, Kouider en l'occurrence, a fait carrière à Londres où il avait défié les meilleurs pugilistes au monde de l'époque.
Connu dans le domaine artistique sous le diminutif de Joe (diminutif de Djouhri), Mohamed Djouhri, un homme humble et lettré, à l'allure des deux acteurs américains, Tommy Lee Jones ou Gene Hackman, avec un accent de Parisien, garde encore son charisme et sa joie de vivre. Quant à son histoire, elle est celle que l'on voit rarement dans ces films hollywoodiens.
Fils de l'aîné des frères Jury, Joe, encore enfant, n'aimait pas trop l'école. Bagarreur dès son jeune âge, il répondait en donnant des coups à ceux qui insultaient, par exemple, sa sœur aînée, Houria, grande révolutionnaire, détenue par les colons pendant quatre ans avant qu'elle ne soit libérée en 1961. Dès lors, il décide d'entamer une carrière de boxeur. Son entraîneur, Ahcene, le troisième des Jury, qui avait pour lui une pépinière de boxeurs, lui avait transmis la culture et le savoir-faire des Jury.
Très jeune, il découvre le cinéma avec La Bataille d'Alger, du cinéaste italien, Gillo Pontecorvo, où il avait joué comme figurant. Mais pour l'homme des «rues» qu'il était, cinéphile, faire une carrière dans le cinéma, n'avait jamais traversé son esprit. A vrai dire, Mohamed Djouhri garde pour lui beaucoup de détails de sa vie. Parfois, il se retient ou demande carrément de ne pas raconter certaines choses. Mais précision s'impose. Quand il dit qu'il était en vacances, c'est qu'il était en prison.
Bagarreur
Joe quitte l'Algérie à l'âge19 ans pour s'installer en France. «J'ai tenté l'exil à maintes reprises à travers Zouj Bghal. Eh oui. Détrompez-vous, El harraga ne date pas d'aujourd'hui. Elle a toujours existé en Algérie», se souvient-il. En France, Mohamed Djouhri s'installe à Levallois Perret, à la périphérie nord-ouest de Paris.
Il fréquente dès lors, comme beaucoup de jeunes de son âge qui quittent l'Algérie pour l'Hexagone, les cabarets et les bars. Mais lui, chanceux, il arrive dans la période prospère de mai 168 où c'était «interdit d'interdire», comme il aime bien préciser. Joe avait eu beaucoup de succès. Sa carrière de boxeur et de bagarreur l'avait vraisemblablement précédé. Costaud et virile, il se fait vite une réputation. Pour les uns, Joe était un justicier. Pour d'autres, il était «voyou». Mais lui, il précise qu'il était quelqu'un qui n'aimait pas la hogra.
C'est ici qu'il avait fait la connaissance du premier espion algérien en France, le fameux Rachid Tabti, celui qui informait Boumediène des décisions du gouvernement français avant que l'ancien chef d'Etat algérien ne nationalise les hydrocarbures algériens en février 1971. Mais si Joe avait choisi Levallois Perret, c'est parce qu'il y avait là-bas une très bonne école de boxe. Malheureusement, sa carrière de boxeur a pris fin. Fier comme il l'est toujours, il quitte le ring sans regarder derrière.
«En m'entraînant, j'ai entendu les entraîneurs dire que les boxeurs en France n'étaient qu'un bon marché à pigeons. Comme j'étais un garçon effronté, j'ai dit ce que je pensais aux entraîneurs et j'ai quitté la boxe définitivement. Je n'avais ni la nationalité et ni la résidence. J'avais juste une carte d'étudiant et je me faisais passer pour un étudiant (sourire)», confie-t-il. A vrai dire, Joe avait la chance de rencontrer un certain Ammi Ahmed, un Constantinois qui détenait un bar restaurant dans la région.
A l'intérieur, un drap suspendu au grand public où étaient brodés les signatures des plus grands comédiens et écrivains qui fréquentaient l'établissement. En 1969, Michel Drach s'apprête à réaliser son film algérien, Elise ou la vraie vie. Ammi Ahmed présente à ce dernier Mohamed Djouhri. Joe renoue avec le monde du cinéma mais n'avait qu'un petit rôle de figurant complément aux côtés de grandes actrices de renom, comme Brigitte Bardot ou Annie Gérardot. «Je le faisais pour gagner un peu d'argent, c'est tout», avoue-t-il.
«J'ai fini par tourner la veste et je suis redevenu ‘‘voyou''. Je suis retourné à Paris. J'ai commencé à vivoter dans paris. On dit qu'on a cherché Paris dans le monde et on a trouvé le monde dans Paris. J'étais un garçon généreux, qui n'aime pas la hogra. Si quelqu'un se faisait insulter ou tabasser, c'est à moi qu'on fait appel pour prendre sa revanche», s'assume-t-il. Mais jusqu'à quelle période avait-il fait ça ? Joe répond : «Ça a duré toute ma vie (fou rire). Ce sont les aventures d'un jeune garçon. Je faisais des bêtises, mais pas trop méchantes (rire).»
Costard
En 1978, son cousin musicien le présente au réalisateur algérien Okacha Touita, pour participer dans son court métrage, Rue Tartarin. «J'ai joué le proxénète aux côtés de plusieurs grandes figures du cinéma, dont Sid-Ali Kouiret. Ils sont aujourd'hui presque tous morts. Le film a eu des prix, ce qui a poussé le réalisateur à en faire un long métrage.
Mais je n'ai pas pu prendre part, car j'étais en vacances (rire)», lance-t-il entre deux gorgées. «Après ma sortie de prison, en 1984, je suis retourné en Algérie, je me suis marié mais je n'ai pas tardé. Je suis revenu à Paris où j'ai vécu jusqu'au jour où on m'a appelé pour me dire que mon frère était malade. Il est décédé d'ailleurs, puis j'ai perdu mon père et ensuite ma mère. J'ai décidé donc de rester à Alger et m'occuper de ma famille», se rappelle-t-il les larmes aux yeux.
Si Mohamed Djouhri est parvenu là où il est aujourd'hui, c'est en partie grâce à Okacha Touita qui l'a remis sur les rails en France comme en Algérie après son retour au bled. Ici, il n'a pas arrêté d'enchaîner les rôles et d'enfiler son costard de comédien, loin de son ancien monde parisien. Il a joué notamment dans Hors-la-loi, de Rachid Bouchareb, Mon colonel, de Laurent Harbiet, Nuit d'Arabie, de Paul Kieffer, Les Terrasses, de Merzak Allouache, J'ai 50 ans, de Djamel Azizi ou dans Jours de cendre et Al Achiq, de Amar Sifodil.
En 1995, Joe échappe à la mort quand il a été kidnappé par les terroristes. Aujourd'hui, il savoure la vie, encore vivant, il n'hésite guère à partager ses rayons de joie autour de lui. Dans En attendant les hirondelles, dernier film auquel il a participé, Mohamed Djouhri joue le rôle d'un riche promoteur immobilier. Le film du jeune réalisateur, Karim Moussaoui, raconte l'histoire de trois personnages différents.
Joe est l'un d'entre eux. Il incarne ici le rôle d'un homme d'affaires, fraîchement riche, qui a changé de milieu et d'amis, mais qui vit des moments de doute, notamment dans ses choix. En attendant les hirondelles sera projeté le 21 mai à Cannes. Joe se fera un plaisir d'être sur le tapis rouge pour sa 70e édition.


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