Situé dans un immeuble de la rue Didouche Mourad, Issue 98 se présente comme un espace d'exposition, de vente, de promotion, de création, d'échange, de résidence… Bref, un lieu de bouillonnement artistique. Dans ce bel appartement donnant sur une des rues les plus fréquentées d'Alger, Hania Zazoua, la maîtresse de céans, nous accueille par un coup de gueule. Sujet : l'absence des journalistes à l'ouverture de cet espace artistique ambitieux. Passionnée dans ses créations et ses initiatives, la jeune femme l'est aussi dans ses colères. Qu'à cela ne tienne, passons à la visite de ce lieu habité par une envie de susciter des synergies créatives. Si le lieu s'appelle Issue 98, c'est que l'appartement se situe au n° 98 de la rue. 1998, c'est aussi l'année à laquelle Hania Zazoua a commencé à activer dans le domaine artistique. Sévissant dans le design et les arts plastiques, le public l'a connue sous le pseudo de Princesse Zazou, mais aussi via son agence Bergson & Jung et sa marque Brokk'art dont les productions sont désormais visibles au 98. Mais le lieu n'est pas uniquement un concept store. C'est aussi un lieu d'exposition où l'on peut d'ores et déjà découvrir les œuvres d'Issue 00 (intitulée de l'action inaugurant les lieux). Dans cette première expo, on découvre les goûts et affinités des initiateurs. Une initiative privée, contrairement aux institutions publiques, n'est pas tenue d'être représentative. Ce sont les choix des organisateurs qui font l'identité du projet. Dans cette première expo, la photo d'art est présente en force avec le Tunisien Wassim Ghozlani, dont les œuvres ont été exposées dans plusieurs pays, mais aussi le talentueux Mizo Ozim qui mêle photo, peinture et graphisme pour des images fort expressives. Le visiteur d'Issue 98 rencontrera également l'univers intime et onirique de Sonia Merabet, un nouveau regard sur Alger par Midou Baba Ali, alias Tarbouche, l'illustrateur algérien installé en Tunisie, Salim Zerrouki qui nous promet de venir bientôt, l'autoportrait au cheval du photographe Ramzy Bensaadi et des façades d'immeuble aquisextaines qui deviennent algéroises sous l'objectif (subjectif !) de Hania Zazoua. Mais cette petite expo n'est que la partie émergée de l'initiative. La bonne nouvelle est que les artistes exposés s'engagent à revenir tout au long de l'année pour diverses activités : résidences, expos individuelles, ateliers... Issue 98 se présente comme un lieu de rencontres entre artistes du Maghreb afin d'apprendre des expériences des voisins et des parcours internationaux de certains artistes. A moyen terme, Issue 98 vise également accompagner et accélérer les carrières de jeunes talents dont l'Algérie ne manque pas. Et pour cela aussi, rien ne vaut la rencontre avec des artistes confirmés, des institutions, des clients potentiels... Chemin faisant, Zazoua et son équipe ont tissé un précieux réseau de contacts à même de susciter des échanges fructueux et des initiatives communes. Citons par exemple le travail de Wassim Ghozlani avec la Maison de l'Image, centre culturel privé très actif en Tunisie. Enfin, la rencontre c'est aussi celle du public via l'expo mais aussi par des ateliers destinés à un large public, notamment les enfants. Issue 98, c'est enfin un lieu de résidence au sens propre du terme, dans la mesure où des artistes étrangers pourront y loger le temps d'un projet in situ. Zazoua veut ainsi remédier à une méconnaissance de l'Algérie parmi la scène artistique du Maghreb et du monde arabe. En somme, l'action se projette sur le long terme. Alternative et continue, comme le courant que l'on veut faire passer entre les artistes et leurs publics. Bon vent à Issue 98 !