Après maints efforts, l'artiste qui sans discontinuer n'a de cesse de se renouveler et de pousser des portes à l'apparence infranchissables, vient de passer un cap nouveau dans sa carrière en lançant ce fantastique endroit dédié à l'acte créatif. Sachant allier arts plastiques, design à la mode, Hania Zazoua est plus que ça aujourd'hui en ouvrant ses portes aux autres artistes, elle confirme son grand coeur à vouloir se donner toujours et se dépasser par amour de l'art. Elle nous parle de son espace «Issue 98» dont le lancement à eu lieu jeudi dans la joie et la bonne humeur, en promesse d'un avenir radieux des plus certains...Un endroit qui fera date, assurément, eu égard au riche programme attendu pour les mois à venir. Lisez plutôt... L'Expression: Pourriez-vous nous présenter votre nouveau-né, cet espace d'art «Issue 98»? Hania Zazoua: On me connaissait avant en tant que Princesse Zazou, Hania Zazoua, j'avais crée Brokk'art qui était déjà un lieu atypique, rencontre autour d'un univers onirique. Ensuite on a dû déménager. Aujourd'hui, Brokk'art dépasse ma propre personne déjà. J'ai décidé après de créer «Issue 98», le lieu où nous sommes aujourd'hui. On voulait au départ, juste un espace plus grand. Ensuite, quand on est arrivé dans cet apparat osmanien qui est au coeur d'Alger, on a eu le coup de foudre. On s'est demandé ce qu'on allait bien pouvoir faire ici.On l' a nommé tout de suite «Issue 98». D'abord, parce qu'on est à l'adresse 98. Il se trouve aussi qu'on a démarré notre aventure artistique en 1998. Pour moi, c'était des signes qui ne trompent pas. Il fallait absolument que je prenne cet espace et le nommer ainsi. Issue dans ma vision c'est une des alternatives. Pas la seule. Je l'ai conçue comme étant un lieu d'art. Pas une galerie, mais un lieu d'art avec diverses manifestations artistiques, exposition, entre autres, mais pas que. Aujourd'hui c'est «Issue 00». Après, cela va s'appeler «Issue 01» etc., comme les issue de magasine. On s'est dit qu'on allait jouer là-dessus. Donc «Issue 00» c'est le pilote. Et comment avez-vous pu réunir ces artistes? Pour ce pilote-là, à la base j'avais contacté pendant tout l'été un certain nombre d'artistes. Je leur ai parlé du projet et je leur ai proposé de venir exposer. Certains ont donné leur accord dont ceux qui exposent aujourd'hui. J'ai voulu établir un équilibre entre des artistes de grande renommée et d'autres moins connus. Il y a par exemple Wassim Ghozlani, un artiste tunisien qui a créé la «Maison de l'image» en Tunisie. C'est vraiment une grosse pointure de l'image.On se connaissait via Internet. Je suis partie visiter son espace en Tunisie. On est partenaires de la Maison de l'Image sur un superbe projet qui s'appelle «Inkilab». Un titre à double évocation, d'abord comme laboratoire d'encre et un autre en langue arabe. Wassim Ghozlani n'était jamais venu en Algérie, sauf l'année dernière je crois. Il n'a jamais exposé ici. Il était parti du principe que l'Algérie n'est pas un pays safe. Il n'est pas le seul à partager cet esprit-là. On voulait vraiment changer cette image-là de l'Algérie. Je me suis dit que la meilleure façon c'est de les inviter ici, de faire venir ces artistes dans un lieu où on peut les abriter. Q'ils passent une nuit ici, qu'ils se baladent en ville à Didouche, au coeur d'Alger, qu'ils rencontrent d'autres artistes algériens et on verra si la mayonnaise prend ou pas. L'idée de «Issue» est ça. Lieu d'art et d'expo certes, mais aussi de résidence d'artistes. L'autre analyse qu'on a faite et qui n'est pas spécifique à l'Algérie, c'est que les gens viennent le jour de l'expo et puis ne viennent plus après. C'est un peu normal, les gens ont leur vie. On s'est dit pourquoi ne pas organiser des ateliers pendant que l'expo est en cours, soit en rapport avec l'expo ou pas du tout et faire venir un public qui, a priori, ne serait pas venu voir l'expo. L'autre point important de «Issue» c'est de vouloir être une pépinière d'artistes, de signer des contrats avec des artistes, d'essayer de vendre leurs oeuvres, soit en tant qu'oeuvre, soit en tant que produits dérivés. Ce qui leur permettrait de rentrer dans les foyers algériens, dans les administrations algériennes etc. un peu ce que fait déjà Brokk'Art. On voudrait proposer ça à des artistes, mais qui seraient en signature avec nous. Que cela soit du gagnant / gagnant. Qu'ils gagnent leur vie en gros. Et que de notre côté, nous puissions agrandir le cercle de leurs propositions et que cela soit une synergie positive entre nous tous. Un mot sur le magazine Ego-X? Il s'agit du projet de Mizo. A la base il était photographe. il était spécialisé dans la photo de mode, ensuite il s'est mis à la peinture et dans sa pratique forcément il croise énormément de mannequins. Il s'est dit que ça serait sympa de faire ce même travail, mais de travailler avec des artistes. Quand on dit «artiste» on fait référence forcément à des «ego». Il y a quelque chose à traiter avec l'ego, si à un moment donné on veut être artiste. Cela ne veut pas dire qu'on a un ego surdimensionné mais qu'on a conscience de son ego, qu'on veut être différent, on ne veut pas se fondre dans la masse. C'est cela qu'il questionne. Il a été à la rencontre d'un certain nombre d'artistes dans un premier temps. Il a commencé à faire leurs portraits. et le portrait 00 était le mien. Un double portrait écrit avec photo. Reslane transcrit après les paroles de l'artiste interviewé et comme cela s'appelle Ego-x, ça part sur le «je». Quelle est la suite des évènements avec cette belle mise en bouche artistique? Tous ceux qui ont exposé dans «Issue 00» figurent au programme de ce qui va suivre. La prochaine manifestation sera l'expo de Mizo. L'idée est que chaque mois il y ait une expo-phare. A cette grande expo viendront se greffer des petits événements. Ça pourrait être des ateliers enfants, un café littéraire pour adulte et ce pour ramener un public qui, a priori, ne serait pas venu voir cette expo. Réfléchir dans un lieu d'art c'est intéressant, habituer le public à vivre dedans, qu'il fasse partie de notre quotidien et surtout avec la pépinière d'artistes, vendre des oeuvres et des produits dérivés. Cela est notre objectif. Un calendrier est d'ores et déjà tracé avec un programme pour les mois en cours. Il y aura des expos collectives comme d'autres individuelles. On vous parlera prochainement de «Inkilab», alors, restez branchés!