Le mouvement de solidarité avec le chercheur en soufisme, Saïd Djabelkhir, s'organise. Cible, depuis quelques jours, d'islamistes après ses remises en cause de certains hadiths attribués au Prophète dans le livre Sahih Al Boukhari, l'homme suscite la mobilisation d'intellectuels et de militants des droits de l'homme. Une pétition de soutien au chercheur vient d'être lancée, dans laquelle les premiers signataires dénoncent une grave atteinte à la liberté. «Devant cette levée de boucliers, des conservateurs et des islamistes intégristes qui veulent garder notre société figée dans l'ignorance, l'inculture, l'arriération et l'obscurantisme en rejetant et en combattant toute approche différente, toute vision nouvelle, toute lecture critique, toute pensée libre, nous, signataires de cette déclaration, exprimons haut et fort notre soutien indéfectible et notre solidarité agissante à Saïd Djabelkhir et à toutes les voix libres de notre pays, qui n'a que trop souffert de la culture du sang basée sur des lectures littéralistes du Coran et de la Sunna et qui a failli l'emporter corps et âme il y a de cela très peu de temps», lit-on dans ce document. Les attaques dont fait l'objet le chercheur remontent au 22 décembre dernier. Intervenant sur le plateau de la chaîne privée Beur TV, l'homme a touché à un document sacralisé par les islamistes. En effet, Saïd Djabelkhir remet en cause le bien-fondé de certains «hadiths» du Prophète Mohamed rapportés dans Sahih Al Boukhari. Dans cette intervention, «il appelle à un renouvellement de la lecture de l'islam au regard des impératifs de notre époque, comme l'avait fait bien avant lui le Dr Mohamed Arkoun». «Un groupe de citoyens courageusement anonyme a appelé à fermer la chaîne de télévision et à faire taire la voix du chercheur de renom en sciences islamiques, spécialiste du soufisme, initiateur et animateur du Cercle des lumières pour la pensée libre, espace de débat et de réflexion progressiste qui traite des questions de fond dans la société algérienne», lit-on dans le texte de ladite pétition qui a recueilli plus de 200 signatures en moins de 24 heures. Les initiateurs de cette pétition mettent en avant l'éternelle confrontation entre «la famille qui avance» et «la famille qui recule». «A l'heure où les dirigeants de l'Arabie Saoudite, temple du salafisme wahhabite, appellent à une relecture des hadiths en vue d'élaguer la Sunna des textes falsifiés et des paroles mensongères indûment attribués au Prophète de l'islam, les contempteurs de l'héritier de Mohamed Arkoun veulent bâillonner les voix de ‘‘la famille qui avance'' et tirer notre peuple vers l'arrière en utilisant la religion comme fonds de commerce, à l'instar des Chemseddine, Hamadache, Belhamar et autres intégristes agissant à l'ombre d'organisations dites islamiques ou de médias complices, à l'exemple d'Ennahar TV et Echorouk TV», lit-on dans le même document. Face à toutes ces attaques, sur Facebook notamment, Saïd Djabelkhir ne se montre pas impressionné. Il répond et défie ceux qui l'attaquent d'apporter des contradictions objectives sur le sujet dans le cadre d'un débat responsable.