Le Fonds monétaire international (FMI) recommande à l'Algérie de réduire les déficits à une cadence modérée. C'est ce qui ressort de la note de conjoncture de cette institution financière qui met sous les feux de la rampe l'évolution de la situation économique dans les pays de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord). L'institution de Bretton Woods estime que dans les pays où l'Etat dispose de marges de manœuvre importantes, comme en Algérie ou dans le Golfe, les gouvernements peuvent modérer l'allure des réformes contribuant à la réduction des déficits. Le FMI avertit néanmoins que l'amélioration actuelle de l'état des comptes publics dans certains pays ne devrait pas faire allusion. Elle est à mettre sur le compte d'une éclaircie dont profite le marché pétrolier mondial. Dans ses premières perspectives économiques de l'année, le FMI presse les Etats de la région MENA, les pays exportateurs de pétrole plus particulièrement, à ne pas lever le pied sur certaines réformes d'ampleur structurelle. Dans la ligne de mire, les subventions à l'énergie, considérées comme régressives par le FMI et corrosives par son institution jumelle. «Dans toute la région, le FMI prône la réduction des subventions à l'énergie, qui sont très coûteuses. Pourquoi ? Parce que ces subventions profitent principalement aux classes aisées.» En Algérie, le soutien aux prix des produits énergétiques (l'électricité, le gaz et les carburants) coûte à l'Etat plus de 15 milliards de dollars annuellement. Un renoncement graduel à cette politique de soutien aux prix a été amorcé depuis 2016, tant pour l'électricité et le gaz que pour les carburants, dont la tarification a été modifiée à trois reprises depuis 2016. Sur certaines réformes budgétaires engagées depuis 2016, dont le renoncement graduel à la politique des subventions généralisées, à la flexibilité du taux de change du dinar et à la volonté du gouvernement maintenant clairement affichée de céder les actifs publics, l'Algérie a su s'attirer les faveurs de l'institution de Bretton Woods. Sur d'autres mesures, dont le choix de la planche à billets pour le financement des déficits et de l'économie, le pays s'est plutôt attiré les foudres de l'institution de Christine Lagarde qui, pour rappel, plaidait plutôt pour «un recours prudent à l'endettement extérieur». Dans ses nouvelles perspectives économiques de la région MENA, le FMI estime néanmoins qu'en dépit de l'éclaircie qui pointe à l'horizon, «les défis à relever dans la région demeurent considérables». «Il y a urgence, car l'embellie que connaît une grande partie de l'économie mondiale donne une occasion parfaite de progresser dans l'exécution de réformes qui se font attendre — dans cette région comme ailleurs. Il serait malvenu de revenir sur ces réformes ou de les remettre à plus tard, car ce sont les générations futures qui en pâtiraient. Nous devons donc veiller à poursuivre ces réformes et à les appliquer dans un souci d'équité, en tenant dûment compte de leurs répercussions sociales, et de manière progressive, en fonction des ressources disponibles et les conditions macroéconomiques», lit-on dans la note du FMI. Pour l'Algérie, le FMI plaide pour une mise en œuvre d'un dosage équilibré de mesures d'ajustement budgétaire afin de rétablir la viabilité des comptes publics et réduire les déséquilibres extérieurs. C'est par le moyen de ces ajustements que le gouvernement pourrait améliorer ses marges de manœuvre et évoluer ainsi crescendo sur le chantier des réformes. L'institution de Bretton Woods estime que les pays de la région doivent passer de l'étape de gestion de la crise à celle de sortie de crise. Le temps passe et la reprise des cours pétroliers dont profitent les Etats pourrait être de courte durée.