Tous les différends «ont été réglés en contrepartie d'une indemnisation de 150 à 200 millions de dollars» que Saipem devra verser à Sonatrach. Le groupe Sonatrach et l'italien Saipem ont officiellement mis fin, à l'amiable, à tous les litiges qui étaient au niveau du Tribunal d'arbitrage international depuis 2015. En plus d'un accord global concernant tous les points de litige entre les deux groupes, quatre gros différends — ayant trait à deux contrats relatifs à l'amont, un contrat dans l'aval et un contrat dans le transport — ont fait l'objet d'un accord d'entente signé hier, au siège de la compagnie nationale, en présence des PDG des deux groupes, Abdelmoumen Ould Kaddour et Stefano Cao. En marge de la signature, le PDG de Sonatrach a souligné qu'après près d'une année de négociations — entamées en mai 2017 —, tous les différends «ont été réglés en contrepartie d'une indemnisation de 150 à 200 millions de dollars» que Saipem devra verser à Sonatrach. Lors de la signature de l'accord, le PDG de Saipem — nommé à la tête du groupe italien en 2015 — a notamment fait part de son «émotion», qualifiant la signature de «grand jour pour Saipem». Stefano Cao a aussi exprimé sa satisfaction personnelle : «Aujourd'hui c'est un grand jour pour Saipem, mais aussi un grand jour pour moi. J'ai commencé mon histoire professionnelle en Algérie, j'étais le chef de projet lors de la pose de la première pierre du gazoduc Transmed, reliant l'Algérie à l'Italie, via la Tunisie ; pour amener le gaz algérien vers l'Italie, c'était en 1979. Alors dès que j'ai été désigné à Saipem en 2015, c'était un grand chagrin pour le groupe, et aussi pour moi, de voir qu'on n'avait pas d'opportunité commerciale et pas de relation en Algérie. Je me suis donné comme grand objectif de régler les litiges survenus avec Saipem avant ma venue.» Le PDG de Saipem a qualifié l'accord signé avec Sonatrach, après de longues négociations, d'«historique pour Saipem, qui va s'ouvrir des opportunités en Algérie pour les années à venir». Pour Stefano Cao, «c'est une grande histoire qui commence». Des perspectives de partenariat dans l'offshore Pour sa part, le PDG de Sonatrach a souligné que l'accord signé avec Saipem permettra d'«enterrer une vieille histoire qui traîne et qui nous a empoisonné la vie à nous tous (…). C'est une pierre tombale qu'on va mettre sur ce passé, car on veut regarder vers le futur et voir ce qu'on va faire ensemble». Abdelmoumen Ould Kaddour a ajouté que le contrat signé représente «le dernier gros litige avec Saipem» et a rappelé qu'à sa nomination à la tête de Sonatrach, «il y a dix mois», il avait annoncé que «l'un des objectifs fondamentaux est de régler tous les litiges que nous avons avec nos partenaires, pour une simple raison, c'est que nous avons besoin de nos partenaires pour pouvoir nous développer et Saipem est un partenaire important». Et d'ajouter : «Il y a énormément de choses que nous allons faire ensemble. Saipem est un spécialiste de l'offshore et Sonatrach étudie actuellement — avec ENI et Total — les opportunités en offshore dans des prospections à l'est et à l'ouest du pays, et j'espère qu'avant la fin de l'année, on pourra forer en offshore avec Saipem.» A propos des litiges encore en suspens avec d'autres partenaires, M. Ould Kaddour explique qu'«il en reste quelques-uns» mais «sans grande importance», car impliquant «de petites compagnies quasiment inconnues». Selon le communiqué diffusé à la fin de la cérémonie de signature, Sonatrach et Saipem ont décidé de régler leurs différends pour mettre un terme aux procédures en cours, concernant le contrat pour la réalisation d'une usine de liquéfaction de gaz à Arzew (le train GL3Z), le contrat de réalisation de trois trains de GPL, une unité de séparation d'huile (LDHP), ainsi que des installations de production de condensât à Hassi Messaoud. L'accord concerne aussi un contrat de réalisation de l'oléoduc GPL LZ2 24 (ligne et station) à Hassi R'mel et le contrat de réalisation d'une unité de production gazière et pétrolière sur le champ Menzel Ledjmet, pour le compte de l'association Sonatrach/et le canadien First Calagary Petroleum (FCP). Il est à rappeler que l'italien Saipem a été condamné, en décembre 2017, par la Cour internationale d'arbitrage à verser 135 millions de dollars à Sonatrach. Une compensation pour une négligence grave, ayant causé une perte de production pour Sonatrach. Le conflit entre les deux groupes datait de mars 2014, en liaison avec un contrat conclu en 2008, pour la construction d'un site gazier en Algérie. Des affaires de corruption liées aux marchés obtenus en Algérie par Saipem — détenus en partie par le géant Eni — impliquant l'ancien PDG de Sonatrach et l'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil, sont par ailleurs entre les mains de la justice algérienne et italienne