La question palestinienne connaît ces jours-ci des moments importants qui peuvent s'avérer déterminants en ce sens que nous assistons à un vrai débat, avec de vraies contradictions portées par des pays qui refusent que d'autres parlent en leur nom. Leur refus s'adresse autant au Secrétaire général de l'ONU qui a cru bon de blâmer le gouvernement palestinien et choisir ses interlocuteurs lors de son passage dans les territoires occupés, qu'à l'Union européenne (UE) alignée sur les positions israéliennes, même si cela se passe dans le cadre du Quartette (avec l'ONU, les Etats-Unis et la Russie). C'est donc la fin d'un consensus qui ciblait les Palestiniens et eux uniquement, avec la montée au créneau de la Norvège, de l'Autriche et de la Suède qui refusent de se joindre au boycott imposé au gouvernement palestinien. Chacun de ces trois pays y est allé avec ses arguments pour récuser des thèses, et battre en brèche un embargo aussi injuste qu'inhumain. En ce sens, le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, qui a rencontré dimanche des membres du nouveau gouvernement palestinien d'union lors d'une visite dans les territoires palestiniens et en Israël, a qualifié ce gouvernement de « pas en avant significatif » au risque de se voir déclarer persona non grata comme l'a été un ministre norvégien après son entretien la semaine dernière avec un ministre palestinien. « Le nouveau gouvernement palestinien d'union représente un pas en avant significatif », a-t-il déclaré samedi soir à l'issue d'une rencontre d'une demi-heure avec le président palestinien Mahmoud Abbas et le ministre des Affaires étrangères Ziad Abou Amr (indépendant) au premier jour de sa visite. « C'est une avancée vers le respect complet des principes du Quartette et nous apprécions les progrès qui ont été accomplis », a-t-il ajouté. En d'autres termes, la Suède tout comme l'Autriche et la Norvège —qui n'est pas membre de l'UE — refusent de s'associer à cette classification du Hamas comme organisation terroriste, et aux implications décidées en son nom. Le Quartette exige la reconnaissance d'Israël et des accords passés avec l'Etat hébreu et la renonciation à la violence comme conditions à la levée du boycottage politique et financier imposé depuis l'an dernier contre le précédent gouvernement dirigé par le Hamas. Ce qui explique, par ailleurs, cette montée au créneau du Premier ministre israélien qui a été le même jour plus loin que le Quartette en s'attaquant cette fois au président de l'Autorité palestinienne. « Le chef de l'Autorité palestinienne a violé de façon flagrante une série d'engagements vis-à-vis d'Israël, en particulier celui de ne pas former un gouvernement d'union nationale (avec le Hamas, ndlr) avant la libération de Gilad Shalit », le soldat israélien enlevé fin juin par des groupes armés palestiniens, a déclaré M. Olmert. Le gouvernement d'union Hamas-Fatah a été formé la semaine dernière. « La plateforme du gouvernement d'union, la légitimité conférée à la résistance armée, la violation des engagements du président, tout ceci ne va pas rendre les contacts aisés à l'avenir », a prévenu le Premier ministre. C'est ce qu'on appelle le sens de l'anticipation, même s'il est abordé de manière grossière, car il ne fait aucun doute qu'Israël, soutenu par le Quartette — à l'exception de la Russie qui avait reçu une délégation du premier gouvernement palestinien constitué par le Hamas, et Khaled Mechaâl, le leader de ce dernier — ne peut plus continuer dans cette voie. Le consensus s'effrite, et il avait besoin de sortir autre chose. Olmert vient de le faire en se mettant dans la peau de la victime.