La plage Ben M'hidi, ex-Jeanne d'Arc, a toujours fait la renommée de la côte est de Skikda qui recèle pourtant d'autres plages aussi prestigieuses, comme Guerbes et la Marsa, contrairement à la côte ouest, constituée de petites plages de galets et de criques adossées à la montagne et d'accès parfois difficile, telles Stora, Miramar, la Carrière, la Grande Plage et Collo. Les plages de la côte est sont d'un sable fin de couleur or, s'étalant sur de grandes distances et d'accès facile, car situées pour la plupart en bord de route. Les 13 kilomètres de sable de Ben M'hidi sont partagés entre la commune de Skikda du poste 1 au poste 5, et la commune de Fil Fila au-delà du poste 5. Rappelons tout de même que la partie qui relève de Skikda a été amputée dans les années 1970 de quelques kilomètres de plages, au profit de la plate-forme pétrochimique et du nouveau port. Ben M'hidi était autrefois le lieu de prédilection de milliers de touristes qui venaient des quatre coins du pays profiter de la beauté de la mer. Le soir, les familles sortaient pour se distraire : écouter de la musique ou tout simplement se promener sur la corniche. Mais voilà, maintenant, plus de deux ans que ces plages ne sont plus fréquentées par les estivants, alors que par le passé il était quasiment impossible de trouver une place : il fallait venir, soit tôt le matin ou tard l'après-midi. Actuellement, il est difficile de déterminer avec exactitude ce retournement de situation. D'un côté, il y a ceux qui expliquent que « la pollution de l'eau de mer, l'échouage des deux navires — qui sont d'ailleurs toujours à leur place (sur la plage) — sont en partie à l'origine de la situation, mais aussi l'absence d'infrastructures d'accueil », selon les dires de quelques habitants. D'autres déclarent que « les gens préfèrent aller vers Jijel ou Collo, gardant en mémoire l'insécurité des lieux, les vols de voitures et les agressions de tous genres ». A ce sujet, certaines sources diront que « sur ce plan, les choses ont réellement évolué », que « des patrouilles de gendarmes effectuent régulièrement des rondes de nuit », et qu'« aucun incident n'a été enregistré depuis le début de la saison estivale ». Elles ajoutent que « les familles, même si elles sont peu nombreuses, sortent le soir et restent jusqu'à une heure tardive de la nuit ». Plusieurs travaux d'aménagement et de réhabilitation ont, par ailleurs, été réalisés au niveau de Ben M'hidi, transformant totalement le visage de cette dernière ; que ce soit l'installation de toilettes publiques, de fontaines d'eau ou du revêtement des trottoirs, tout a été soigneusement mis en œuvre pour le confort de l'estivant. L'autre nouveauté, et pas des moindres, reste incontestablement le renforcement des équipes de nettoyage des plages, qui travaillent, selon un employé de l'APC, 7 jours/7, en faisant la tournée des plages, des trottoirs et des terrasses, enlevant tout ce qui traîne par terre. Ce n'est cependant pas l'avis de cette famille d'émigrés qui vient au pays chaque année depuis plus de dix ans : « Le seul point négatif au niveau des plages de Ben M'Hidi reste inévitablement le manque d'hygiène, je crois plutôt que la culture de l'hygiène n'est pas inscrite dans les mœurs des propriétaires des plages ; on trouve des seringues, des bouteilles en verre, des cannettes et boîtes de thon ou sardines, éparpillées ça et là sur le sable, constituant un véritable danger pour nos enfants ». Malgré ces désagréments, on estime le nombre d'estivants ayant fréquenté Ben M'Hidi cette année, à plus de 837 415 depuis l'ouverture de la saison estivale ; un chiffre nettement supérieur par rapport à celui de la saison écoulée, « et cela est essentiellement lié à l'ouverture de plusieurs plages privées offrant des prestations de services largement satisfaisantes », selon les services de la Protection civile. Aujourd'hui, grâce à la revalorisation de ce site touristique, la commune de Ben M'Hidi est peut-être en voie de renouer avec ses racines et sa vocation première.