Comment s'est déroulée l'organisation de cette 2e édition du Forum universel des cultures ? Vous savez, la 2e édition a été difficile pour la faire démarrer. Nous avons voulu éviter les problèmes vécus lors de la première à Barcelone en 2004, qui s'est étalée sur 6 mois. Nous avons donc misé sur 80 jours à Monterrey. Aussi, nous avons eu la chance d'avoir ici un espace qui répond parfaitement à ce grandiose événement. Quelles sont les ressources financières de cette organisation ? Les ressources financières sont diverses. Il y a, bien sûr, la grande part versée par le gouvernement mexicain d'une valeur de 110 millions de dollars, qui a surtout servi à aménager Monterrey. Le département du Nuevo Leon a débloqué 70 millions de dollars et une trentaine de millions est venue de la part des sponsors locaux. En ce qui concerne l'Unesco, elle participe avec un apport plus académique et de prestige pour la réussite de ce forum. Parmi les thèmes du Forum, celui sur la paix et la spiritualité qui est l'un des plus importants est sous votre direction. Quelle est votre impression ? Nous avons considéré que la paix et la spiritualité sont les deux notions fondamentales de tout dialogue touchant le monde dans sa totalité. Il y a lieu de savoir que la paix ne veut pas dire absence de guerre seulement, mais c'est aussi la disparition des inégalités et de la pauvreté. La spiritualité, quant à elle, demeure un thème important dans la mesure où tous les peuples communiquent avec un pouvoir qui est au-delà de notre espace et qui appelé soit Allah, Dieu, Bouddha ou comme celle des indigènes, qu'ils soient mayas, aztèques ou autres. Tout ceci nous permet de placer des passerelles de dialogue entre les peuples. Dans ce cadre, je suis très heureux d'être le coordonnateur de cet échange culturel, porteur d'espoir. Pensez-vous que les rendez-vous de ce forum déboucheront, un jour, sur l'objectif d'un monde meilleur ? Bien que l'on puisse penser que des Forums de cette envergure sont seulement des réunions entre personnes qui passent leur temps à parler, je crois que c'est uniquement à travers ces rencontres que l'on peut construire un monde meilleur. Ce n'est pas facile, mais on le conçoit. Sachez que le seul fait de réunir à une même table des personnes de différents courants et de diverses nationalités, c'est autant dire que le forum deviendra traditionnellement un espace de dialogue prometteur. Par ailleurs, nous avons ouvert dans ce forum des ateliers pour enfants, car nous considérons que la paix doit être dans leur cerveau. Si on commence à instruire les enfants dans un climat de paix c'est pour que demain, ils penseront autrement que nous, adultes d'aujourd´hui. Quelle place tient l'Algérie dans ce forum ? A vrai dire, nous avons la chance d'avoir l'Algérie dans ce forum, c'est un thème très intéressant dans le processus de la paix mondiale en général et africaine en particulier. On s'est dit que si on parle de paix en Afrique, le sujet serait incomplet si on n'a pas la voix de l'Algérie. Un représentant algérien traitera des problèmes que l'Algérie a connus et comment ce pays a pu retrouver la voie de la paix et de la réconciliation. Parlant de réconciliation et en tant que spécialiste de la paix, comment appréciez-vous le processus algérien ? Je crois que l'Algérie a fait un grand pas en avant dans ce sens et que le président Bouteflika a insufflé un mouvement vers la réconciliation et la paix. Cependant, je tiens à souligner que la meilleure disposition des dirigeants est insuffisante et il reste du chemin à faire en Algérie. Les derniers attentats le prouvent d'ailleurs. Selon mon analyse, ce n'est pas seulement l'usage de la force qui peut ramener la paix définitive, mais c'est beaucoup plus l'emploi de tous les moyens qu´ils soient idéologiques, économiques ou culturels pour arriver à éliminer la menace. On ne peut pas penser qu'un jeune de 15 ans décide, d'un jour à l´autre, de se faire exploser, c'est dire qu'il existe une faille dans le système de la paix en Algérie. C'est simple, c'est que derrière cet acte, il y a une absence d'éducation et de vision que les jeunes ont perdu. C´est là où l´Etat doit intervenir.