Dans un discours gratifiant les efforts consentis en matière de réforme du système judiciaire, le premier magistrat du pays a exhorté les magistrats à doubler d'efforts en vue de rendre une justice équitable et juste. Cet objectif devrait suivre un ensemble de commandements que le Président décline sous forme de « remarques d'une extrême importance qui doivent être prises en charge ». La première exigence du Président s'adresse au personnel de la Cour suprême appelé à réduire les délais de traitement des recours. « Le nombre considérable des affaires en suspens au niveau de cette cour et qui s'accumulent d'année en année retient l'attention et exige d'engager une réflexion sérieuse pour trouver les solutions idoines afin d'y remédier », dira Bouteflika. Une situation que le président de la Cour suprême reconnaît en notant que les délais de traitement des recours ne répondent pas aux attentes des justiciables. Il citera, à titre d'exemple, que les conflits ayant trait à la question du foncier et conflits sociaux sont particulièrement pénibles à traiter. Kaddour Berradja estime qu'un recrutement de qualité et l'introduction de magistrats intermédiaires peuvent contribuer à l'amélioration de la situation au niveau de la Cour suprême. Le président de la République exhortera par ailleurs les juridictions à accorder un intérêt particulier à la qualité des jugements, « qualité qui doit refléter la compétence du magistrat ». Autre exigence présidentielle, faire face à la recrudescence de certaines formes de criminalité organisée à travers « une politique pénale judicieuse et par la force de la loi, face aux auteurs de ces crimes et dérives graves et à les réprimer sévèrement afin d'assurer la sécurité physique du citoyen et de ses biens ». Les magistrats et professionnels de la justice sont aussi appelés à engager une réflexion sur la réforme du secteur, « une réflexion sur les voies et les moyens à même de permettre à la justice d'être au diapason des progrès en cours dans les domaines juridique et judiciaire au double plan national et international », dira Bouteflika. Le Président veut-il une commission de réforme de la justice bis ? Il semble bien que c'est le cas puisqu'il suggère que cette réflexion soit confiée à un « comité de suivi dont la composante devrait être constituée de spécialistes et d'experts pour engager une réflexion sur les questions conjoncturelles et proposer les moyens adéquats pour leur prise en charge et leur traitement », note le Président dans son discours. Ceci en exhortant la famille de la justice à se libérer complètement des influences et à être l'apanage des personnes intègres et loyales. « J'appelle le corps de la magistrature à assumer son rôle de moralisateur de la vie publique », indique Bouteflika en appelant le gouvernement à mettre en place les instances instituées en vertu de la loi, notamment le centre des recherches judiciaires et juridiques.