La mésaventure vécue mardi dernier par Mme Litamine, chef d'entreprise du bâtiment, illustre la situation peu enviable des entrepreneurs de la wilaya de Tizi Ouzou. La bonne volonté affichée par le wali pour maintenir l'outil de réalisation dans la région est annulée par des fonctionnaires aux méthodes dévastatrices. La pression sur les entreprises est parfois intolérable au niveau des différentes administrations, des maîtres d'ouvrage et certains « services déconcentrés de l'Etat ». En charge de la réalisation d'un restaurant universitaire de 500 places à Boukhalfa, dont les travaux sont en voie d'achèvement, il a été signifié à Mme Litamine de transporter des échantillons de carrelages et de faïence au niveau de l'administration de la daïra de Tizi Ouzou chargée du suivi du chantier, aux fins de choisir le modèle du matériau à utiliser. Arrivée sur les lieux, et en l'absence du subdivisionnaire, des fonctionnaires intiment à l'intéressée d'évacuer les matériaux. « On ne nous ramène jamais cela ici », lancent-ils à l'adresse de M. et Mme Litamine. Celle-ci expliquera que c'est un responsable de cette administration, citant le subdivisionnaire, qui l'a invitée à faire cette démarche. Devant la chef d'entreprise perplexe et désemparée, l'un des agents du service technique s'empare des matériaux et les fracasse dans la cour de l'administration. « Ce sont des échantillons que j'ai ramenés d'une entreprise située à Ouacifs. Je savais que le choix des modèles se fait habituellement au niveau du chantier, mais j'ai obtempéré à l'exigence de la subdivision de les transporter jusqu'à son service, de crainte de subir des mesures cœrcitives, et vous voyez ce que j'ai récolté, on me les fracasse sur le sol. C'est uniquement le courage qui me fait avancer, sinon j'aurai abandonné », nous dit Mme Litamine, qui compte demander une audience au wali de Tizi Ouzou. Les discours réguliers du chef de l'exécutif en faveur des chefs d'entreprise, sur la nécessité de les encourager, notamment d'assouplir les conditions de paiement pour leur éviter l'asphyxie financière, se trouvent contredits dans les faits par des comportements dépassant la simple bureaucratie. Cela s'ajoute à la menace sécuritaire permanente et à la hausse du prix des matériaux de construction, à propos de laquelle les entrepreneurs attendent un engagement ferme des autorités.