Madame la ministre, qu'est ce qu'a apporté cette édition du Fisahara à la cause sahraouie ? L'organisation de la IX édition du festival, en dépit des circonstances qui l'entourent comme la crise économique, est une réussite. Cette crise a touché et de manière significative tous les secteurs à travers le monde, y compris celui de la culture, ce qui s'est répercuté négativement sur le Festival. A cela s'ajoutent les conditions de sécurité qui ne sont pas favorables, particulièrement au Sahara occidental. Si le festival s'est déroulé dans de bonnes conditions, c'est grâce au mouvement de solidarité et ce, malgré l'enlèvement de nos trois amis qui sont venus pour la première fois aux camps de refugiés. Le festival confirme, ainsi, la solidité du mouvement de solidarité à travers le monde, au niveau européen et particulièrement en Espagne. Ce festival coïncide, en outre, avec le festival régional de la culture populaire et les arts, qui représente un repère pour la sauvegarde du patrimoine sahraoui. Le film est-il un moyen pour exercer des pressions ou pour sensibiliser le monde à la cause sahraouie, surtout avec la naissance de l'Institution audiovisuelle du désert ? Le festival enregistre aujourd'hui un bond qualitatif, avec cette participation sahraouie à travers les jeunes venus de l'école de cinéma et leurs initiatives. Nous participons avec environ 20 films et films-documentaires. Les films « La wilaya » ou encore « Les larmes du désert » ont reçu de nombreux prix au festival Dubaï, au Festival d'Allemagne, dans sa 62e édition et récemment au Festival de Malaga. On peut affirmer, donc, que l'école nationale de cinéma a commencé à donner ses fruits. Dans deux mois, cette école verra la sortie de la première promotion. On compte beaucoup sur celle-ci pour réaliser des documentaires. Nous avons enregistré l'absence de films arabes dans cette neuvième édition, comment l'expliquez-vous ? Malheureusement, la scène arabe est maigre en matière de production concernant la lutte menée par le peuple sahraoui. Nous enregistrons la présence exceptionnelle du cinéma algérien qui a accompagné le festival depuis sa naissance. L'Algérie a participé avec ses ciné-bus et des écrans géants pour permettre à toutes les wilayas de la République arabe sahraouie démocratique de bénéficier et de vivre l'atmosphère du festival. Des films révolutionnaires sont diffusés à Smara, au camp du 27-Février, Awserd etc. Cela en partenariat avec le ministère algérien de la Culture. Je pense que nous partageons les mêmes objectifs, la même langue et les mêmes valeurs. Des films tels que « La Bataille d'Alger », « L'Opium et le Bâton » ou « Les hors-la-loi » sont toujours suivis et de manière extraordinaire. Nous regrettons, par ailleurs, l'absence du cinéma arabe qui n'est pas de notre fait. Les portes du festival n'ont jamais été fermées. A l'avenir, nous espérons la participation des films libanais, égyptiens, tunisiens et pourquoi pas marocains. Mais malheureusement nous ne comprenons pas pourquoi la culture dans ces pays est attachée à la politique. Nous nous interrogeons également sur l'absence de soutien des pays arabes et islamiques dans la prise en charge des réfugiés sahraouis. Ce sont des chrétiens, des Européens et l'Etat algérien qui nous ont soutenus et continuent à le faire. Pourquoi votre cause n'est pas médiatisée par les médias lourds arabes ? Cet instrument a toujours été invité à couvrir nos événements, mais il me semble que les médias lourds arabes ne sont motivés que par le bruit des tanks. Les médias arabes sont prisonniers des politiques arabes. Ils ont des positions prédéterminées, et ne cherchent pas à connaître l'origine du problème. Ils se passent de toute analyse objective. L'enlèvement de ressortissants espagnols a-t-il eu un impact sur la présence des stars lors de cette édition ? En fait, il n'a pas eu d'incidence directe sur leur participation. Je pense que leurs absence est due à la crise économique, en plus de l'agenda des artistes et des cinéastes. Douze artistes de renom sont parmi nous. Le Front Polisario a donné toutes les garanties pour assurer la sécurité de cet événement. Vos attentes pour l'avenir ? Nous espérons que le festival atteindra la dimension qu'il mérite. Que ce soit sur le plan culturel ou politique. L'Algérie nous a toujours soutenus. Elle répond présent à tous les événements que nous organisons. Les médias comme El Pais, El Mundo et la Télévision espagnole sont toujours à nos côtés. On espère que le Fisahara deviennent un lieu de rencontre pour tous les artistes en provenance d'Afrique, d'Amérique Latine, d'Europe et des pays arabes. Il y a une lacune dans la mesure où le cinéma arabe est absent. Cette dernière édition se singularise par la présence du cinéma latino-américain à travers les films cubains et vénézuéliens. Avec la participation du Mexique, je crois que notre cause sera beaucoup plus connue à travers le monde. Je souhaite que les prochains festivals enregistrent la participation de toutes les nations et de toutes les religions.