Photo : Riad De notre envoyée spéciale à Dakhla Fella Bouredji Après trois jours de projections, d'activités et d'échanges empreints de solidarité sur un fond de légèreté festive, l'heure était, jeudi soir dernier, aux revendications politiques solennelles au camp de réfugiés de Dakhla. C'est au troisième jour du Festival international du cinéma du Sahara occidental (Fisahara) qu'a eu lieu la cérémonie officielle d'ouverture de la manifestation. Les 570 participants ont donc fait une halte en cette soirée pour se confronter à la réalité. Fisahara n'est pas un rendez-vous culturel comme les autres. Un rendez-vous qui, sous le couvert de culture, est essentiellement politique. Devant une pléthore de journalistes venus des quatre coins du monde, le Premier ministre sahraoui et la ministre de la Culture se sont exprimés tour à tour avec fermeté et conviction. Des discours tranchants, notamment envers la France. Abdelkader Amar, Premier ministre sahraoui a été sans équivoque sur la question : «La France soutient ouvertement le Maroc en bravant son intérêt jusque-là incontestable pour les droits de l'homme. Barack Obama a eu l'audace de fermer Guantanamo, nous attendons de la France qu'elle réagisse face à notre problème car le Sahara occidental est un autre Guantanamo. Nous l'appelons à changer de position.» Après avoir condamné la position française, Abdelkader Amar s'est retourné vers l'Espagne, qui compte le plus grand nombre de participants et de journalistes : «Nous attendons du gouvernement espagnol qu'il adopte des positions plus fermes et claires», lancera-t-il. Ainsi, la nécessité de l'autodétermination du Sahara occidental a été proclamée avec fougue, autant par le Premier ministre que par la première dame sahraouie, Khadidja Hamdi, qui s'est exprimée sur leur combat avec beaucoup d'émotion dans la voix. Au-delà des considérations politiques, l'heure était aussi à la célébration et aux bonnes nouvelles. Dans une ambiance festive et musicale, l'annonce de la création prochaine d'une école de cinéma au Sahara occidental a suscité l'enthousiasme, sans compter l'annonce également de l'inauguration le 20 mai prochain de la télévision nationale sahraouie. La soirée d'ouverture officielle, qui s'est déroulée en plein air, a été suivie de la projection d'un documentaire puis d'un film algérien, Mascarades de Lyes Salem. Une grande gratitude a été exprimée pour l'Algérie en cette soirée dans les discours officiels, plus particulièrement celui de la première dame sahraouie, Khadidja Hamdi. D'autres festivités ont eu lieu dans la matinée de vendredi, courses de chameaux, défilés traditionnels et représentations de troupes folkloriques. La clôture de l'événement aura lieu demain… F. B. 280 000 signatures recueillies pour faire pression sur l'Espagne La Coordination espagnole des associations solidaires avec le peuple sahraoui (CEAS), organisatrice du Fisahara en collaboration avec le gouvernement sahraoui, n'a toujours pas atteint son objectif mais ses représentants, présents actuellement à Dakhla, continuent de se déployer. 280 000 signatures ont été recueillies jusque-là mais il en manque 220 000 pour atteindre les 500 000 nécessaires à transmettre au ministère des Affaires étrangères et à la présidence du gouvernement pour que l'exécutif espagnol puisse aider le peuple sahraoui. Sara Pujalte, coordinatrice des près de 200 associations espagnoles solidaires avec le peuple sahraoui qui constituent la CEAS, rencontrée en marge des projections du Fisahara parlera de leur mission avec enthousiasme : «Nous voulons faire un travail de sensibilisation internationale, de solidarité mais aussi rallier le maximum de personnes à la cause du peuple sahraoui pour pouvoir faire pression sur le gouvernement espagnol pour qu'il change sa position vis-à-vis de l'autodétermination du Sahara occidental». Plus de 300 000 euros pour l'organisation du festival Plusieurs partenaires se sont partagé les tâches dans l'organisation du FISAHARA 2009. Les deux principaux restent la Coordination espagnole des associations solidaires avec le peuple sahraoui (CEAS) et le gouvernement sahraoui. En matière de financement, la ministre de la Culture a affirmé, sans donner de chiffres, que le plus gros du festival est pris en charge par le gouvernement du Sahara occidental. De son côté, Sara Pujalte, coordinatrice du CEAS, a été plus communicative en matière de chiffres. L'organisation du Fisahara 2009 a coûté 300 000 euros à la CEAS et 36 000 euros au gouvernement sahraoui, sans compter les aides algériennes, et les participations de plusieurs autres collaborateurs, selon ses déclarations.