Le sport pour tous. Cette pratique devenue de plus en plus populaire chez nous reste quelque part exclusive pour la gent masculine. L'image d'une femme qui sort faire son jogging le matin reste peu acceptée par notre société, voire impensable pour certains. A l'ère où la femme est appelée à une participation plus massive dans la scène politique, où elle a su détrôner l'homme dans de nombreux secteurs comme l'administration, la justice et l'enseignement, elle reste encore privée de certains loisirs. Des étudiantes à l'Université d'Alger 1 disent que, pour faire du sport, « il faut déjà avoir le temps et les moyens ». « Les salles de sport ne sont pas bien réparties, et la plupart des femmes préfèrent faire du sport près de chez elles », affirme l'une d'elles. Sihem, étudiante de dernière année en sciences commerciales ne trouve pas de salle de sport dans son quartier. « Je suis obligé de me déplacer à l'autre bout de la commune pour faire du sport dans une salle décente. » Une salle de sport décente, cela représente pour les femmes que nous avons interviewées une salle propre avec assez de vestiaires et des douches. D'après Sihem, on ne trouve pas toujours ces critères dans certaines salles. L'hygiène et les vestiaires ne sont nullement un problème pour la piscine semi-olympique de Bab Ezzouar. La piscine est aussi désertée de son personnel masculin lors des séances réservées aux femmes. Faire de la natation semble donc une bonne affaire. Malika, la cinquantaine et maman de trois garçons, semble avoir trouvé une échappatoire : « Je suis une vieille abonnée, je nage plus de deux fois par semaine et j'y ai même inscrit mes enfants ». Mais si les horaires qui varient entre 11h et 14h en saison normale arrangent Malika, elles sont décourageantes pour beaucoup de femmes. Samia, la trentaine, avoue qu'elle est « obligée de quitter son bureau pendant 1 heure et demie pour faire de la natation ». La piscine ne se trouvant pas loin de son lieu de travail, Samia ne perd pas beaucoup de temps dans le trajet. Elle explique que « la seule manière pour moi de faire du sport c'est d'en pratiquer durant ma pause-déjeuner ». Une autre solution existerait pour Samia, si l'institution dans laquelle elle travaille fournissait des abonnements sportifs. Une stratégie de plus en plus répandue dans les pays développés pour motiver le personnel et promouvoir chez eux l'esprit d'entreprise. Rares sont les entreprises qui fournissent ce genre d'activités pour leurs employés en Algérie. La contrainte du temps et les horaires mal répartis des salles de sport ainsi que la rareté de ces dernières ne laissent pas trop le choix pour la femme qui fait du jogging, mais « faire du jogging dans certains endroits d'Alger est une forme de suicide lorsqu'on est une jeune fille de 24 ans ! », s'exclame Sana. Hélas, l'exagération de la jeune fille ne diminue en rien les risques qu‘encourent les femmes en pratiquant du sport en plein air. « Il faut se faire accompagner, et encore faut-il le faire le week-end quand la forêt n'est pas déserte », conseille Samia.