C'est le souhait formulé par les ministres des Affaires étrangères de l'Union du Maghreb arabe (Algérie, Mauritanie, Maroc, Libye, Tunisie) réunis, hier, à Alger pour examiner les menaces qui pèsent sur la sécurité dans la région et définir les grands axes d'une stratégie sécuritaire commune. L'enjeu est de taille. La volonté aussi. Le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, a été on ne peut plus clair pour mettre en garde ses partenaires : « Les menaces sécuritaires qui planent sur notre région sont telles que nous sommes tenus d'élaborer une approche commune », dit-il exhortant ses homologues à multiplier les efforts en vue d'une coopération régionale contre le terrorisme et ses ressources : blanchiment d'argent, trafic en tous genres (drogue, personnes...), dont la propagation, relève le ministre, est au cœur des préoccupations de l'Algérie. D'où la thématique de cette rencontre. Parce que le « terrorisme est une menace pour la stabilité du Maghreb », M. Medelci appelle à jeter les bases de ce partenariat, à travers le lancement de mesures, allant de la signature d'accords sécuritaires aussi bien sur le plan bilatéral que celui régional, jusqu'à la réactivation des conventions judiciaires, en passant par le renforcement de la surveillance des frontières. Les défis sont, donc, multiples et complexes, et le ministre d'avertir contre les retombées « directes » de la situation au Mali. Il appelle les pays de l'UMA à une participation active à la seconde conférence sur la « coopération, la paix et le développement » qui aura lieu, prochainement, dans la capitale nigérienne. Sur la même longueur d'onde que son homologue algérien, le ministre marocain, Saâdeddine El Othmani, estime qu'une politique sécuritaire commune est un choix stratégique pour la stabilité de la région. Une approche qui devrait, selon lui, se baser sur trois principaux axes : mutuel, maghrébin et régional. Ce dernier doit être incarné par la région du Sahel, le Golfe de la Guinée et les pays africains donnant sur l'Atlantique. « Nous veillons scrupuleusement à l'unité du Mali, c'est pourquoi nous sommes pleinement engagés à lutter contre les dangers qui menacent sa stabilité », assure le chef de la diplomatique marocaine. M. Hamadi Ould Baba Ould Hamadi, le ministre mauritanien n'en pense pas moins. « La sécurité du Mali est celle de nous tous », a-t-il martelé, soulignant que les événements qui secouent ce pays ne résultent pas d'une seule, mais de plusieurs crises, qu'il faudrait combattre dans le cadre de la nouvelle stratégie maghrébine. Pour le ministre tunisien, Rafik Abdesselam, « ce qui se passe au Mali n'est ni plus ni moins qu'une « afghanisation » de la région », mettant en avant la destruction des mausolées de Tombouctou par les groupes terroristes qui règnent actuellement sur plusieurs villes du pays, et s'adonnent à toutes sortes de trafics (armes, drogues,...). Tout en approuvant l'idée d'une stratégie commune de lutte antiterroriste, le ministre souhaite contribuer au renforcement de la coopération, bilatérale et régionale, dans plusieurs domaines : judiciaire, sécuritaire et politique. Présidant la rencontre, le ministre libyen, Achour Ben Khial, a abondé dans le même sens. Il laisse entendre que l'extradition par la Tunisie, de l'ancien Premier ministre de Mouammar Kadhafi, Mahmoudi Al Baghdadi, devrait servir d'exemple.