Dans une analyse publiée par le quotidien électronique américain Huffington Post, Geoff Porter, qui dirige la société North Africa Risk Consulting, spécialisée dans l'analyse des risques politiques et sécuritaire en Afrique du Nord, essaie d'expliquer non seulement les raisons de la position algérienne dans le dossier malien mais aussi les motifs pour lesquels les Etats-Unis perçoivent l'Algérie comme un « partenaire régional potentiel » pour faire face à l'instabilité dans certaines parties de l'Afrique du Nord et au Sahel. A ce propos, il soutient que « l'Algérie est devenue un élément important de la politique étrangère américaine » dans cette partie du continent africain. Allant plus loin dans son analyse, il cite les raisons pour lesquelles les Etats-Unis voient en l'Algérie le pays idoine pour lutter plus efficacement contre l'instabilité dans la région. « En plus d'être vaste, l'Algérie est riche », note M. Porter qui précise que dans le classement 2012 des pays en matière des réserves de change, l'Algérie occupe la 12e place mondiale avec 200 milliards de dollars, et une dette extérieure de seulement 4 milliards de dollars, soit 3% du Pib. Soulignant que les grosses recettes des hydrocarbures permettent d'appuyer l'économie nationale et, aussi, d'acheter des armes, il indique que l'Algérie se classe 16e au monde pour les dépenses de défense en termes de taux de pourcentage au budget de l'Etat, et dépense annuellement, en défense, plus que le Pakistan ou l'Irak. L'autre grand atout dont dispose l'Algérie et qui pèse dans la perception des Etats-Unis pour la région est le fait que « l'armée algérienne est également aguerrie après avoir combattu une insurrection islamiste sanglante dans les années 1990 », affirme l'expert américain. L'Algérie, ajoute-t-il, « a non seulement fait face aux menaces de la guérilla conventionnelle, mais elle a contré le terrorisme d'Aqmi et de ses prédécesseurs. Et elle l'a fait avec succès en réduisant Aqmi, en Algérie, à une organisation inefficace ». Pour l'auteur de cette analyse, « en dépit ou à cause de tous ces attributs qui caractérisent l'Algérie, les Etats-Unis ne seront probablement pas capables d'enrôler l'Algérie pour éradiquer Aqmi dans le nord du Mali et lutter contre les groupes djihadistes en Libye ». Les raisons de cette position de l'Algérie, déduit-il, « vont de l'idéologie au pragmatisme ». L'Algérie souscrit à la règle dite de « Pottery Barn » Il explique alors que « le principe de non-ingérence est au cœur de la politique étrangère de l'Algérie » et que cette règle avait été invoquée lors du soutien de l'Otan à la rébellion en Libye. « L'Algérie n'était pas une amie du régime d'El Gueddafi, mais la non-ingérence est sacro-sainte, et l'Algérie a exprimé son opposition à l'intervention étrangère », rappelle-t-il. Pour le même expert, « l'Algérie tient l'Otan pour responsable de l'instabilité qui l'entoure actuellement et elle ne considère, donc pas, comme étant de sa responsabilité de nettoyer le gâchis dont elle n'est pas l'auteur ». Sur ce point, il observe que l'Algérie souscrit à la règle dite de « Pottery Barn », c'est-à-dire que celui qui casse doit payer, évoquée, rappelle-t-on, par l'ex-secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, pour mettre en garde George W. Bush sur les conséquences de la guerre contre l'Irak en 2003.