Photo : M. Hacène De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani C'est devant une salle archicomble secouée par des vivats et des applaudissements que Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs, a pris la parole hier au Théâtre régional de Annaba pour faire une analyse politique de la situation trouble que traverse le Maghreb. D'emblée, la pasionaria algérienne s'est attaquée au sujet en prenant le taureau par les cornes, accusant ouvertement l'Otan de projeter la «somalisation» de la Libye qui est devenue aujourd'hui la poudrière du Maghreb. Selon Mme Hanoune, jamais dans l'histoire de l'humanité autant d'armes n'ont été distribuées aux populations civiles. «Il y a aujourd'hui en Libye, 1 million de ces armes qui sont aux mains de groupes de toutes sortes, 100 000 AK 47 (kalachnikovs) et 15 000 missiles sol-air, déclare-t-elle, une armada qui pourrait servir Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et les attentats qui ont frappé l'Algérie récemment à Jijel et à l'Académie interarmes de Cherchell en sont la preuve. C'est une menace sérieuse pour la sécurité nationale, le ministère de la Défense nationale en est conscient. Nous avons 950 km de frontières communes avec la Libye et le MDN a pris ses dispositions en créant un nouveau commandement militaire dans la wilaya d'Illizi parce que les responsables savent que le danger vient de ce côté et que nous sommes particulièrement visés.»Revenant sur la situation en Libye, Hanoune dit ne pas reconnaître le titre de révolutionnaires aux insurgés libyens «parce que, rapporte-t-elle, ce sont des groupuscules armés et encadrés par l'Otan qui dirige toutes les opérations, il fallait en finir avec Kadhafi quitte à massacrer des populations civiles comme cela a été le cas à Syrte ou à Bani Walid et ce massacre a été avec la bénédiction de l'Otan». «Le CNT, poursuit-elle, est là juste pour faire de la figuration, Mustapha Abdeljalil, le président de ce conseil, n'est autre que l'ex-ministre de la Justice de Kadhafi, reconverti en révolutionnaire, si Kadhafi est un criminel et un dictateur, Abdeljalil l'est aussi, et il n'a pas le droit de parler au nom du peuple libyen pour annoncer l'institution d'un Etat islamique, c'est la voix des armes qui a parlé et non celle du peuple.» Evoquant la mission de l'Otan, elle rappela à l'assistance que là où est passée cette alliance militaire, cette machine à détruire, il n'y a eu que chaos, mort et désolation à l'exemple de la Yougoslavie, de l'Afghanistan ou de l'Irak. «Ils détruisent tout un pays, pour ensuite envoyer leurs entreprises pour sa reconstruction ; en Libye, le coût de cette reconstruction est évalué à 200 milliards de dollars et comme par hasard, c'est le montant exact des fonds souverains libyens déposés dans les banques occidentales, fonds qui viennent d'être libérés par le Conseil de sécurité de l'ONU.» Selon la secrétaire générale du PT, Français, Américains, Anglais, Turcs et Qataris se disputent les contrats avec en plus la facture des 28 000 frappes aériennes exécutées par l'Otan et qui doit être réglée par la Libye. «Ce qui s'est passé en Libye est l'expression de la barbarie que nous combattons, nous défendons les fondements de la civilisation humaine pour la paix, pour la tolérance, la compréhension mutuelle et la prospérité de tous. Mais nous défendrons notre pays contre toute forme d'interventionnisme ou d'ingérence, notre souveraineté est inaliénable», conclut-elle.