Les pièces théâtrales jouées jusqu'à présent sont autant de réflexions sur divers thèmes en relation directe avec l'existence. L'association culturelle Youcef Oukaci a présenté, vendredi dernier, la pièce « Domino » à la maison de la culture devant un public conquis. C'est une analyse consacrée à la cupidité, phénomène qui ne cesse de prendre de l'ampleur d'année en année, au point de gangrener plusieurs segments de la société. « Domino » met en scène deux artistes à l'intérieur d'un café maure, situé dans un paisible village, lieu de symbolique par excellence de la culture. Idir et Lahlou veulent rendre hommage au défunt Si Lehlou, propriétaire du local et artiste reconnu. Cependant, ils ignorent totalement qu'ils doivent faire face à la cupidité du fils du disparu, Si Rouibah, homme corrompu, avide d'argent et de pouvoir. Pour que cette reconnaissance posthume n'ait pas lieu, le fils indélicat scelle une alliance contre nature avec Mokrane, notable du village, doublé d'un homme calculateur, cynique et conservateur. Dans le but avoué de prendre les commandes de la commune et, partant, aussi assouvir sa soif de pouvoir, Si Rouibah pousse, comble de l'ironie, le cynisme jusqu'à promettre sa sœur Tinhinane à son allié de circonstance. De cette situation conflictuelle, alimentée en permanence par le désir d'occuper les lieux, naîtra une guerre larvée, sous forme de lutte entre le savoir et l'ignorance, l'amour et la haine entre les deux clans. Le village est appelé à trouver, autant que faire se peut, une issue honorable à cette situation kafkaïenne. Si Mokrane, touché dans son amour propre, furieux de perdre sa table, synonyme de déconsidération sociale, décide, sans même consulter ses collaborateurs, à fermer cet espace d'échange et de convivialité. Mais c'est compter sans le courage, la témérité et la détermination de la jeune fille. La pièce est une fine analyse psychologique d'une société de plus en plus encline à passer à côté des choses essentielles pour ne s'intéresser qu'au gain facile et à l'argent, quitte à le gagner malhonnêtement. La coopérative théâtrale Machahu de la ville des Genêts a joué « Thislith Bwenzar, l'arc en ciel » au théâtre régional de Batna, en présence d'une faible assistance. La pièce raconte l'histoire d'un jeune roi déchu. Devenu vagabond, il part à la recherche de son destin. Un oracle le conseille d'aller quêter une fiancée, « Thislith Bwenzar » pour pouvoir retrouver son royaume. Pendant son périple, il traverse sept rives. Il découvre des nouvelles coutumes, d'autres couleurs et des traditions différentes. A la septième rive, il trouve la femme qu'il cherche. Celle-ci le présente à ses parents qui le soumettent à trois épreuves difficilement surmontables. Il réussit à passer l'examen sans coup férir et réussit à conquérir son royaume. Cette pièce, adaptée d'un vieux compte populaire, souligne la place que doit occuper la sagesse populaire et le dépassement de soi. De l'avis même des participants, la présente édition est nettement meilleure que les précédentes. « Cette année, on a constaté qu'il y a une nette amélioration sur tous les plans. Les pièces en compétition sont d'une bonne qualité. Le texte, la scénographie et l'interprétation sont d'un niveau appréciable », a affirmé le comédien Djamel Dekkar. Il a précisé, toutefois, qu'il faudrait instituer un festival du théâtre d'expression amazighe amateur, parce qu'il est inconcevable que des troupes amatrices et professionnelles soient sur les même critères.