La Corée du Nord, en état d'alerte maximale, se déclare, depuis hier, en guerre. Elle a mis fin à la situation de « ni guerre ni paix » pour protester contre les manœuvres conjointes entre la Corée du Sud et les Etats-Unis, menacés régulièrement de « frappes stratégiques » et de « guerre totale », réitérées il y a peu, notamment lors de l'adoption de nouvelles sanctions onusiennes. De nouveau, ce vendredi, Pyongyang a surenchéri et pointé ses missiles en direction des bases américaines en Corée du Sud et dans le Pacifique. Le casus belli, conforté par la remise en cause de l'armistice et les accords de paix bilatéraux signés avec Séoul, couve le risque d'une nouvelle guerre que laissent supposer la fin de l'armistice de 1953, l'annulation du cessez-le-feu et la dénonciation des accords bilatéraux de paix. « A partir de maintenant, les relations inter-coréennes sont en état de guerre et toutes les questions entre les deux Corées seront traitées selon un protocole adapté à la guerre », conclut Pyongyang dans un communiqué. L'esprit de la guerre froide souffle sur la péninsule coréenne. Si pour Séoul, la rhétorique belliqueuse du « frère-ennemi » est qualifiée d'un « élément dans une série de menaces de provocation » qui n'est donc pas de nature à susciter une grande inquiétude, les grandes puissances ont promptement réagi pour contenir une escalade aux conséquences incalculables dans la région. L'avertissement russe, appelant les deux parties à faire preuve de « responsabilité et de retenue maximales » pour éviter « le point de non-retour », exprime une inquiétude partagée par Pékin qui se déclare favorable aux « efforts conjoints » pour tenter d'atténuer la tension. La menace est toutefois prise au sérieux par Washington et ses alliés allemands et français invitant la Corée du Nord à « cesser de jouer avec le feu » ou à « s'abstenir de toute nouvelle provocation ». Washington, interpellé par l'annonce « conforme à un schéma familier », prône l'union sacrée avec l'allié sud-coréen pour se prémunir contre les menaces prises « au sérieux ». « Nous continuons à prendre des mesures additionnelles contre la menace nord-coréenne, dont fait partie notre plan pour augmenter le nombre d'avions d'interception basés sur le sol américain ainsi que les radars d'avertissement et de dépistage », a déclaré la porte-parole du Conseil national de sécurité, Caitlin Hayden. Surenchères ou début d'un engrenage destructeur ?