« Le tourisme interne, une priorité nationale ». C'est la thématique principale de la 14e édition du Salon international du tourisme et des voyages (Sitev), inaugurée ce jeudi au Palais des expositions, à la Safex. Pourquoi le tourisme interne ? « C'est parce qu'il faut que nous passions par là pour que nous puissions nous ouvrir à l'externe », a répondu Mohamed Amine Hadj Saïd, Secrétaire d'Etat chargé du Tourisme. C'est aussi pour retenir une partie des touristes algériens en l'incitant à consommer algérien au lieu d'aller ailleurs, indique pour sa part Mohamed Benmeradi, ministre du Tourisme et de l'Artisanat. Mais consommer algérien, affirment les agences de voyage, coûte cher aux touristes locaux. « Ghardaïa par exemple, coûte les yeux de la tête. 4.000 dinars au minimum la journée pour une personne. Quand nous évoquons ces prix, nos clients nous disent préférer aller à Paris ! Si les agences de voyage travaillent en partenariat, les tarifs seraient moindres. Mais le partenariat est un concept méconnu et les agences préfèrent le gain facile », confie Ali Kemassi, représentant de l'agence Essaf d'Or. Le produit touristique saharien, affirme pour sa part Barka Hamidi, de l'agence Takrom voyages, n'est pas compatible avec les salaires moyens. « Les hôtels restent chers et ne jouent pas encore le jeu dans la promotion du tourisme interne. La compagnie aérienne non plus », constate-t-il. Air Algérie, en effet, prévoit des réductions en faveur des vols étrangers pour la saison estivale mais pas pour les vols internes. L'offre et la demande font la loi Quant aux hôtels, publics et privés, ils se disent être des infrastructures commerciales dont le but est de réaliser des bénéfices. « Pourquoi faire des réductions quand l'hôtel est réservé à 100% durant le saison estivale ? Nous faisons des réductions quand il y a un manque à gagner. Au mois de ramadan, par exemple, une période creuse pour nous, nous envisageons des tarifs promotionnels pour attirer les familles. Nous sommes un groupe qui investit. Nous avons donc intérêt à faire des bénéfices pour réaliser nos projets », explique Fethi Ferhane, manager du groupe Eden Hôtels. Nous sommes soumis, poursuit-il, à une règle commerciale très simple, celle de l'offre et de la demande. « Il est tout à fait normal que les prix soient élevés quand la demande est supérieure à l'offre », conclut-il. Ce que reconnaît le ministre du Tourisme. « Nous espérons augmenter les capacités de l'offre à moyen terme pour influer sur les prix. Avec la réception de 50 000 lits supplémentaires d'ici à 2015, nous espérons un changement en faveur des consommateurs. Toutefois, les réductions proposées par certains hôtels, pour les week-ends notamment, sont déjà un pas en avant », estime-t-il. L'hôtel Aurassi propose également, en ce moment même, des réductions de 25%. Mais c'est juste à l'occasion des foires qui se déroulent au Palais des expositions. « L'hôtel Aurassi est destiné au tourisme d'affaires. Faire des réductions en ce moment est une stratégie purement commerciale pour attirer de nouveaux clients. Mais il est possible d'offrir des réductions à l'occasion de la saison estivale pour les autres hôtels de la chaîne Aurassi, le Rym notamment à Taghit. Cela sera une première pour nous », fait savoir Hachemi Messaili, directeur des approvisionnements à l'hôtel Aurassi en insistant sur le fait que cette chaîne hôtelière n'est pas destinée à la classe moyenne. La classe moyenne oubliée L'absence, entre autres, d'infrastructures dédiées à cette classe, pousse les agences de voyages à se tourner vers les touristes étrangers. « C'est plus rentable que le tourisme interne. Et puis, les Algériens n'ont pas la notion du tourisme interne et connaissent très peu leur pays. C'est pour cette raison que ce genre de tourisme n'est pas envisageable pour le moment », explique Mohamed Chaib Kamel, DG de l'agence Visa Travel, qui organise des éductours en faveur des professionnels du tourismes et des journalistes étrangers pour attirer les touristes. « Grâce à ces éductours, nous aurons des groupes allemands et japonais au mois de septembre », signale Samir Chaib, employé dans la même agence. Une initiative qui entre dans le cadre des aspirations des pouvoir publics pour « importer » les touristes et non les exporter. A ce propos, la tutelle compte proposer, dans le cadre de la loi de finances complémentaire pour 2013 (LFC 2013), une mesure pour faire bénéficier les agences de voyage d'amnistie fiscale et ce, dans le but de les encourager à attirer les touristes étrangers en Algérie. Des mesures fiscales pour les agences de voyage du sud Toujours dans le cadre de la LFC 2013, le département de Benhamadi envisage d'effacer les dettes des agences de voyage du sud afin de les aider à surmonter la crise par laquelle elles passent actuellement. Une crise, déplore le responsable de Takrom Voyage, qui pousse des agences de voyage du sud à renvoyer leurs employés et à vendre leurs matériel et équipements afin de rembourser leurs dettes et crédits bancaires. « Depuis l'attaque terroriste de Tiguentourine, nous n'avons plus eu de touristes étrangers à Adrar. Des groupes, italiens notamment, avaient annulé leur réservation des mois de février, mars et avril, juste après cet incident. Et puis, nous avons constaté que les touristes viennent moins en Algérie depuis les événements en Libye et par la suite au Mali », confie-t-il. Mais ce genres d'incidents, estiment le ministre et le Secrétaire d'Etat, ne surviennent pas qu'en Algérie. « La ville de Boston a été attaquée lors d'un événement sportif. Cela signifie-t-il pour autant que les Etats-Unis sont un pays à hauts risques ? La sécurité n'est pas un problème fondamental chez nous. La preuve, des touristes étrangers nous ont demandé de ne plus les faire accompagner par des escortes de sécurité. Bref, nous avons réglé nos problèmes de sécurité il y a dix ans », précise le ministre. Le syndicat national des agences de voyage appelle également la tutelle à couvrir les salaires des employés des agences du sud dans le cadre de la formule préemploi. Dans ce contexte, la tutelle assure qu'elle se penche actuellement sur les problèmes des agences du sud et que l'encouragement des emplois de jeunes figure parmi ses priorités.