Un jaillissement de la création musicale à l'état pur dans les moments uniques de grandes improvisations, des musiciens et interprètes à la hauteur de l'évènement, soutenu par un large public, généreux, joyeux, heureux et nombreux en cette soirée de jeudi, dans les somptueux jardins de l'Institut français d'Alger, initiateur de cet évènement qui a duré 3h30, à l'occasion de la célébration de la fête de la musique et du 50e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie. L'originalité de ce concert réside dans une composition algérienne écrite spécialement pour cet événement. Interprétée avec art par l'ensemble des artistes, le maestro Nourredine Saoudi l'a dirigée avec brio. Ces artistes ont été longuement ovationnés. Un moment très fort en émotion. Dans ce concert, le maestro Nourredine Saoudi, qui, en vivant intensément la musique, a fait partager au public cet enthousiasme et cette passion. La scène artistique algérienne devrait s'enorgueillir d'avoir d'excellents artistes comme Joe Batoury ou encore Choghli. Un méga concert qui ravit la flamme du cœur, de l'âme et de l'esprit. Ce sont ces instants de bonheur qu'offrent sans compter Nourredine Saoudi avec des artistes algériens. Il est incontestablement la vedette de cette soirée, notamment avec son enthousiasme communicatif, son engagement total dans son art, sa virtuosité légendaire à diriger ces talentueux artistes et son avide volonté de partager le plaisir qu'il trouve à jouer. Ce sont les jardins entiers qui ont fondu et vibré avec lui. Le secret de cet immense succès se reflète dans son heureuse initiative de rendre hommage au patrimoine musical algérien. Ainsi, si quelqu'un est indifférent à la musique du terroir, il finira par aimer notre musique du patrimoine, issue des diverses régions d'Algérie, de l'Ouest, de l'Est, du Centre et du Sud. Ces artistes à l'immense talent jouent avec cœur en se donnant à fond. La liberté d'interprétation que leur procure la musique les inspire encore davantage. Ils se surpassent quand ils sont sur scène. Ils démontrent ainsi leurs capacités artistiques élevées dans le seul exercice est de faire renaître les mélodies algériennes et de promouvoir le terroir. Balades dans des sonorités algériennes Le public a eu ainsi à apprécier le passage de Joe Batoury avec son groupe Skia, qui excelle dans le registre diwan à travers lequel il revendique ses racines africaines. Son slogan : « Africain par la sève, Maghrébin par la greffe ». Inspiré par ses ancêtres, Joe Batoury chante la tolérance et la richesse de la culture africaine, sur la pulsation hypnotique du goumbri. Toujours en une même soirée, le public, dans sa grande majorité composé de jeunes, a apprécié les chansons de Choghli, chanteur référence de la chanson touareg, une musique ancestrale. Un mélange de la musique d'Afrique noire et la musique berbère. Il faut dire que la particularité de cette musique est qu'elle est interprétée souvent en chœur. Dans ce même registre, le public a admiré les prestations d'Ahellil ; chorale polyphonique spirituelle. Ahellil du Gourara est un genre musical et poétique, emblématique des Zénètes du Gourara, il est pratiqué lors de cérémonies collectives principalement dans la partie berbérophone de cette contrée du sud du pays lors de fêtes religieuses et de pèlerinages, mais aussi à l'occasion de réjouissances profanes telles que mariages et foires locales. L'Ahellil du Gourara a été inscrit en 2008 sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité. Les amoureux de la musique arabo-andalouse ont été gâtés vu qu'ils se sont délectés de la remarquable animation d'El Djazira. Cette formation, qui a vu le jour en 1993, se fixe l'objectif de faire connaître et de promouvoir la musique classique arabo-andalouse en Algérie et à l'étranger. El Djazira s'est lancée dans une nouvelle dimension culturelle et artistique, sous une forme originelle d'interprétation où l'on ne se limite plus à jouer que d'un seul instrument lors des concerts donnés, juxtaposant pour le besoin de l'expression vocale et de l'œuvre choisie de chaque type d'instrument. El-Djazira a eu le privilège de se produire à travers plusieurs espaces culturels nationaux et internationaux notamment en Tunisie, dans le cadre des festivals de la Médina de Tunis (1993, 1994, 1996). Cette jeune formation musicale présidée par M. Brahim Bahloul tente d'universaliser ce patrimoine musical andalou, tout en préservant son originalité et ses repères culturels. Cette réflexion musicale est basée sur la nécessité de faire côtoyer en parfaite symbiose la forme musicale traditionnelle avec celle de la modernité en empruntant les éléments conceptuels les plus adaptables et les plus appropriés. Par ailleurs, une série d'hommages a été rendue à Sid Ahmed Serri, Barka Foullani, Abdelkader Chouali et Ouardia Bouchemlal pour l'ensemble de leur carrière dans le domaine musical. Ce qu'il faut souligner chez ces artistes, c'est l'absence d'une ambition commerciale. Ils jouent pour l'amour de la musique et la joie de pouvoir partager avec les gens qui savent goûter et apprécier leurs talents.